5 informations clés sur l’écart salarial entre les sexes au Liban

Écart salarial entre les sexes au LibanLe Liban borde la Syrie au nord et à l’est, la région de la Palestine au sud et la mer Méditerranée à l’ouest. Une nation du Moyen-Orient avec un paysage varié allant des côtes pittoresques aux majestueuses montagnes libanaises, le pays est reconnu pour sa riche histoire et son patrimoine culturel. Cependant, le Liban est confronté à plusieurs défis socio-économiques, notamment un écart salarial persistant entre les sexes. Voici cinq informations clés sur l’écart salarial entre les sexes au Liban et les efforts croissants pour le combler.

Le problème

  1. Écart salarial important: Selon une récente étude publiée par l’Université des Sciences et des Arts du Liban (USAL), les femmes libanaises gagnent en moyenne 16% à 19% de moins que les hommes libanais. Et bien qu’il ait fait des progrès en matière de droits des femmes, le Liban conserve l’un des écarts globaux entre les sexes les plus élevés au monde, se classant 119 sur 146 pays dans le rapport 2022 du Forum économique mondial sur l’écart entre les sexes.
  2. L’éducation ne signifie pas l’égalité de rémunération: Malgré l’amélioration de l’éducation des femmes au Liban, les données révèlent que l’écart salarial entre les sexes s’élargit avec l’éducation. Par exemple, l’écart salarial entre les femmes et les hommes libanais titulaires d’un diplôme universitaire ou supérieur est de 20,2 %, selon le rapport 2021 Lebanon Gender Analysis du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). De plus, malgré un accès presque égal à l’éducation, seulement 23,5 % des femmes libanaises avaient un emploi en 2021, contre 70,9 % des hommes.
  3. Ségrégation professionnelle: Les perceptions et les décisions des employeurs concernant l’embauche et les promotions sont influencées par des stéréotypes de genre profondément enracinés et des rôles traditionnels qui persistent dans la société libanaise. Par exemple, selon l’analyse de l’ONU sur la participation économique des femmes au Liban en 2022, les hommes dominent les secteurs les mieux rémunérés comme l’ingénierie et la technologie, tandis que les femmes se retrouvent de manière disproportionnée dans les secteurs les moins bien rémunérés comme l’éducation et l’administration. Cette ségrégation professionnelle contribue à l’élargissement de l’écart salarial entre les sexes au Liban, limitant le potentiel de gain des femmes et les possibilités d’avancement professionnel.
  4. Représentation limitée de la direction: De même, les femmes rencontrent des difficultés pour accéder à des postes de direction et de leadership, qui offrent souvent des salaires plus élevés. La sous-représentation des femmes aux postes de décision dans les secteurs public, privé, politique et universitaire contribue grandement à la disparité des salaires.
  5. Travail de soins non rémunéré: Un rapport de la Banque mondiale de 2018 a révélé que les femmes libanaises supportent de manière disproportionnée le fardeau du travail de soins non rémunéré et des tâches ménagères. Par conséquent, de nombreuses femmes sacrifient un emploi rémunéré, réduisent leurs heures de travail et subissent de fréquentes interruptions de carrière, ce qui a un impact négatif sur le potentiel de gain des femmes et sur l’économie libanaise dans son ensemble. Par exemple, le rapport a estimé qu’une réduction de 25 % de l’écart de participation entre les sexes entraînerait une augmentation de 9 % du PIB du pays.

Efforts en cours

Voici cinq façons dont le Liban et la communauté internationale travaillent pour réaliser des progrès dans la réduction de l’écart salarial entre les sexes dans le pays.

  1. Interventions gouvernementales: En 2018, le gouvernement libanais lancé une campagne de sensibilisation du public pour promouvoir l’égalité des sexes et réduire les normes sociales sexistes. La campagne visait à changer les attitudes, à sensibiliser les femmes aux droits à l’égalité salariale et à favoriser une culture de respect mutuel.
  2. Le projet d’autonomisation économique des femmes pour le Liban (WEEL): Faisant partie du projet de l’Union européenne pour l’autonomisation des femmes (EU4WE) au Liban, ce programme offre des subventions allant de 15 €,000 à 50 000 à 20 entreprises et startups appartenant à des femmes et dirigées par des femmes au Liban. Initiative conjointe de la société libanaise Berytech et Expertise France, le programme financé par l’UE vise à promouvoir l’égalité des sexes et à réduire la violence sexiste au Liban grâce à l’autonomisation financière.
  3. Ligue libanaise des femmes d’affaires (LLWB): LLWB est une organisation à but non lucratif qui plaide pour l’égalité des chances pour les femmes dans les affaires et l’entrepreneuriat. Il fournit des plateformes de réseautage, des programmes de mentorat et des formations pour soutenir la croissance professionnelle des femmes et combler l’écart salarial. Rien qu’en 2021, la LLWB a franchi des étapes remarquables, établissant plus de 31 nouveaux partenariats locaux et internationaux et collectant 852 197 $ pour lutter contre les disparités entre les sexes. En outre, il a mis en œuvre plus de 350 initiatives de formation et ateliers pour soutenir les femmes entrepreneurs à Beyrouth, au nord du Liban et dans la Bekaa et a bénéficié à plus de 1 400 femmes, notamment des agricultrices, des professionnelles et des entrepreneurs.
  4. KAFA: Signifiant « assez » en arabe, KAFA est une organisation à but non lucratif fondée en 2005 pour lutter contre les violences et les discriminations basées sur le genre. Il défend les droits des femmes au travail et l’égalité de rémunération, s’efforce d’autonomiser économiquement les femmes par le biais de campagnes de sensibilisation et soutient la recherche et les initiatives de plaidoyer juridique. En 2020, KAFA reçu 9 763 appels et mis en œuvre avec succès le programme « Hommes et femmes pour l’égalité des sexes ». ONU Femmes a financé ce programme qui vise à s’attaquer aux raisons sous-jacentes de l’inégalité entre les sexes. Le programme a mis en œuvre des mesures visant à modifier les normes sociétales biaisées en matière de genre, a aidé les groupes de la société civile à plaider en faveur de réformes juridiques et politiques et a exhorté le gouvernement à appliquer les lois qui promeuvent l’égalité des sexes.
  5. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) Liban : Dans le cadre de son Programme 2030, le PNUD Liban a donné la priorité à l’avancement social, économique et politique des femmes au Liban. Adoptant une approche holistique de l’égalité des sexes, ses initiatives promeuvent l’égalité des salaires et des opportunités d’emploi pour les femmes, en augmentant la présence politique et de leadership des femmes, en garantissant des protections juridiques et en éliminant les préjugés sexistes.

Regarder vers l’avant

Grâce à des efforts continus, le Liban et la communauté internationale s’efforcent de résoudre les problèmes sous-jacents à l’écart salarial persistant entre les sexes dans le pays. En soutenant l’autonomisation sociale, économique et politique des femmes, ils ouvrent la voie à un avenir plus prospère et plus juste pour l’ensemble du pays. Pourtant, il semble y avoir de la place pour plus d’efforts et de progrès. Des efforts tels qu’une législation ciblée, la promotion de l’égalité en matière d’embauche, de promotion et de rémunération, ainsi que le changement des attitudes sociales pourraient contribuer grandement à réduire l’écart salarial entre les sexes au Liban.

– Kassem Choukini
Photo : Flickr

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