
Au Venezuela, la violence sexiste a atteint des niveaux alarmants ces dernières années, reflétant l'impact profond de l'urgence humanitaire actuelle dans le pays. L’effondrement institutionnel, l’extrême pauvreté, la migration forcée et l’absence de politiques publiques adéquates ont créé un environnement dans lequel les féminicides continuent d’augmenter au Venezuela et où les femmes sont confrontées à de multiples formes de violence. Cependant, face à cette réalité, diverses organisations féministes, organisations non gouvernementales (ONG) et agences internationales élaborent des stratégies pour prévenir la violence, fournir un abri, une assistance juridique et psychologique et informer les femmes sur leurs droits.
Une crise humanitaire qui alimente la violence
Depuis 2015, le Venezuela est confronté à une urgence humanitaire complexe marquée par l’effondrement économique, la détérioration des institutions et l’effondrement des services publics. Cette situation a touché de manière disproportionnée les femmes et les filles. Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), son dernier Plan de réponse humanitaire 2025 souligne l'urgence de la situation : une personne sur quatre au Venezuela (environ 7,6 millions) a besoin d'une aide humanitaire, et 6,2 millions ont besoin de services de protection, notamment de protection des enfants et de soutien aux survivants de violences basées sur le genre et de traite des êtres humains.
Bien que le pays ait connu une croissance économique modérée au cours des deux dernières années (2023-2024), la détérioration des conditions de vie, l’insécurité alimentaire, l’effondrement des services de santé et l’absence de politiques de protection ont permis à la violence sexiste et sexuelle de continuer à augmenter. La loi organique sur le droit des femmes à une vie sans violence, bien que représentant une étape législative, n'a pas été efficacement mise en œuvre en raison de la faiblesse institutionnelle et de la corruption. En conséquence, de nombreuses victimes sont confrontées à l’impunité, à une revictimisation institutionnelle et au manque de refuges sûrs. La plupart des cas ne sont pas signalés : on estime que 7 femmes sur 10 ne signalent pas les violences qu'elles subissent, principalement par crainte de représailles ou par méfiance à l'égard du système judiciaire.
Des chiffres alarmants et un climat d’impunité
Des données récentes révèlent l’ampleur du problème. Selon l’observatoire féministe Utopix, il y a eu 76 féminicides au cours des six premiers mois de 2025, soit l’équivalent d’une femme assassinée tous les 2,3 jours. Ces meurtres ne sont pas des incidents isolés ; ils reflètent un système judiciaire qui ne parvient pas à protéger les victimes, où les enquêtes restent souvent incomplètes et où les auteurs sont rarement condamnés.
En outre, le Centro de Justicia y Paz (CEPAZ) rapporte que plus de 50 % des victimes subissent des violences physiques, tandis que 65 % subissent des abus psychologiques. Ces formes d’agression s’intensifient souvent avec le temps, aboutissant souvent à un fémicide.
Migration et trafic : une double vulnérabilité
La crise a également contraint des millions de Vénézuéliens à quitter le pays, exposant les femmes à de nouveaux risques. Selon des plateformes telles que R4V, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l’OIM, ainsi que des enquêtes comme ENCOVI, près de 8 millions de personnes ont quitté le Venezuela. Durant la migration, de nombreuses femmes sont confrontées à des violences sexuelles, à l’exploitation par le travail et à la traite des êtres humains.
Ces dynamiques présentent de graves risques pour les femmes, les adolescents et d’autres groupes vulnérables. Les fausses offres d’emploi ou les promesses de migration en trompent beaucoup et, en raison de la nature précaire de leurs voyages, ils sont victimes des réseaux de traite et des formes modernes d’esclavage. Selon le rapport Libres y Seguras de l'organisation vénézuélienne Mulier, 1 390 femmes vénézuéliennes ont été sauvées des réseaux de traite en 2022, dont 284 filles et adolescentes. Les cas documentés incluent l'exploitation sexuelle, le travail forcé et les mariages forcés dans des pays comme la Colombie, l'Équateur et le Pérou.
La violence ne cesse pas une fois que les femmes traversent la frontière. La xénophobie, l’exploitation par le travail et l’absence de protection juridique continuent de les rendre vulnérables. Selon Utopix, plus de 100 femmes vénézuéliennes ont été victimes de violences ou de féminicides à l’étranger entre 2024 et 2025.
Les organisations qui font la différence
Malgré le contexte difficile, de nombreuses ONG et agences humanitaires soutiennent les femmes vénézuéliennes tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Leur travail se concentre sur la prévention de la violence, les soins complets, l'assistance juridique et la création d'espaces sûrs.
Le CEPAZ mène la défense des droits des femmes à travers une assistance juridique gratuite, un soutien psychologique et un accompagnement lors des procédures judiciaires. Elle gère également l'Observatoire numérique du féminicide, qui compile des données et fait pression sur l'État pour qu'il mette en œuvre des politiques de prévention et de protection.
Utopix est devenu une référence nationale en documentant les féminicides au Venezuela et en analysant les schémas de violence. Son travail est essentiel pour sensibiliser l’opinion face au manque de données officielles. L'organisation mène également des campagnes d'éducation et de sensibilisation communautaires pour transformer les normes culturelles qui perpétuent la violence.
Le HCR joue un rôle crucial au niveau international en fournissant une assistance juridique, un abri, un soutien psychologique et des documents. Il coordonne également les programmes de prévention des violences basées sur le genre avec les gouvernements et les organisations locales.
Vers un avenir sans violence
L’augmentation des féminicides, l’impact de la migration forcée et l’expansion du trafic d’êtres humains reflètent la profonde détérioration sociale au Venezuela. Cependant, le travail d’organisations telles que le CEPAZ, Utopix, Mulier et le HCR montre que la société civile reste un moteur d’espoir. Grâce à un soutien direct, à la défense des droits humains et à la promotion de politiques publiques, ces organisations jettent les bases d'un avenir dans lequel les femmes pourront vivre sans violence.
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