La société technologique multinationale Apple Inc. a lancé son smartphone, l’iPhone, en 2007 et la société s’est depuis développée pour détenir environ 24 % de la part de marché mondiale du commerce des smartphones. Fin 2022, la société taïwanaise Foxconn, anciennement connue sous le nom de Hon Hai Precision Industry Co Ltd., produisait environ 70 % des iPhones du monde, en grande partie à partir de son usine de Zhengzhou en Chine centrale. En tant que l’un des produits les plus lucratifs d’Apple, l’iPhone représente environ 50 % des revenus d’Apple et environ 45 % des revenus de Foxconn. Apple et Foxconn s’efforcent désormais d’augmenter la fabrication d’iPhone en Inde, ce qui servira les intérêts commerciaux d’Apple tout en stimulant l’économie indienne et en réduisant le chômage en créant des opportunités d’emploi.
La Chine a longtemps été l’épine dorsale de la production d’iPhone. Cependant, la dépendance importante d’Apple à l’égard de la Chine est devenue une préoccupation croissante en raison de la hausse des coûts de main-d’œuvre et des politiques strictes de tolérance zéro contre le COVID-19, qui ont entravé la production depuis le début de la pandémie. Les faibles coûts de main-d’œuvre de l’Inde et la croissance du secteur manufacturier technologique en font un lieu de production invitant.
L’initiative Make in India
En 2014, le Premier ministre indien Narendra Modi a lancé l’initiative Make in India pour encourager les investissements dans divers secteurs économiques et stimuler les taux d’emploi. Selon la Banque mondiale, le taux de chômage en Inde s’élevait à 7,7 % en 2021 contre 4,6 % en Chine. Make in India a mis en évidence la fabrication de produits électroniques comme un domaine de développement essentiel pour le pays et Modi voit un grand potentiel pour faire de l’Inde un centre mondial de fabrication de technologies. Le gouvernement a également introduit des programmes d’incitation liés à la production, qui offrent des incitations financières pour investir dans divers secteurs, y compris la fabrication électronique, qui sont prometteurs pour la création de nouveaux emplois.
Création d’emplois et égalité des sexes
Étant donné que l’Inde a commencé à produire des smartphones il y a moins de 10 ans, il est à noter que l’Inde est désormais le deuxième fabricant de téléphones mobiles après la Chine. Les progrès rapides de l’Inde ont attiré l’attention d’Apple, stimulant la transition de l’entreprise vers ce secteur en pleine croissance. Selon les estimations actuelles, l’Inde fabriquera environ 25 % des iPhones d’ici 2025.
Dans le cadre de l’implantation d’Apple en Inde, son principal fabricant, Foxconn, prévoit d’investir 700 millions de dollars pour construire une nouvelle usine dans l’État du Karnataka, dans le sud de l’Inde. Prévue pour un site de 300 acres près de Bengaluru, la capitale du Karnataka et le centre informatique de l’Inde, l’usine devrait créer quelque 100 000 emplois. L’investissement démontre l’engagement commun d’Apple et de Foxconn à augmenter la production en Inde et à réduire la dépendance à l’égard de la Chine.
Apple et ses collaborateurs espèrent également construire des foyers pour femmes à proximité de nouveaux complexes industriels en Inde. Ceux-ci fourniraient aux travailleuses un logement sûr et réduiraient les temps de déplacement. L’objectif est d’encourager davantage de femmes à entrer sur le marché du travail à mesure que la fabrication se développe en Inde, renforçant ainsi l’égalité des sexes en Inde.
Droit du travail
De plus, Apple et le groupe de pression indien Cellular and Electronics, qui représente l’entreprise et ses fournisseurs, font pression pour des réformes du droit du travail qui rendraient les heures de travail plus flexibles. Désireuses d’augmenter leur part de la production technologique mondiale, les autorités indiennes ont été réceptives aux réformes proposées. En février 2023, l’État du Karnataka a adopté le projet de loi sur les usines, qui introduit des heures de travail similaires à celles des usines chinoises d’iPhone.
Les réformes prévues incluent le passage de trois équipes de huit heures par jour à deux équipes de 12 heures. Alors que les heures de travail hebdomadaires à temps plein resteront plafonnées à 48 heures, l’indemnité d’heures supplémentaires passera de 75 à 145 heures sur une période de trois mois. Les femmes seront également autorisées à travailler de nuit, ce qui est actuellement interdit dans une grande partie du pays. Avec leur consentement écrit et l’accord de l’employeur pour respecter certaines mesures de sécurité, telles que la sécurité des transports et des toilettes, les femmes du Karnataka seront autorisées à travailler entre 19 heures et 6 heures du matin.
Économies en croissance
Ces réformes visent à accroître la flexibilité des modèles de travail et la présence des femmes dans la population active tout en réduisant le chômage et en encourageant les investissements dans le secteur technologique en Inde. Désireux de poursuivre la croissance économique, le gouvernement indien considère l’expansion d’Apple dans le pays comme une opportunité de créer des emplois, d’augmenter le revenu disponible des travailleurs indiens et de stimuler le PIB global. À long terme, l’approvisionnement et la fabrication locaux de composants d’iPhone contribueront à stimuler davantage les économies indiennes locales et à réduire les coûts de production. Enfin, la confiance démontrée d’Apple et de Foxconn dans les capacités de fabrication technologique de l’Inde encouragera de nouveaux investissements.
Le gouvernement indien, via la National Sample Survey Organisation (NSSO), n’a pas publié de statistiques officielles sur la pauvreté depuis 2011, mais d’autres estimations indiquent que des millions de personnes en Inde souffrent encore de la pauvreté. La transition de la fabrication d’iPhone vers l’Inde est un développement mutuellement bénéfique. Non seulement cela servira Apple et Foxconn en tant qu’entreprises, mais cela renforcera également l’économie indienne actuelle et future tout en sortant les gens de la pauvreté grâce à des opportunités d’emploi.
– Sophie Sadéra
Photo : Flickr
*
