Le Soudan connaît actuellement une grave crise humanitaire alimentée par les conflits en cours entre les Forces de soutien rapide (RSF) et les Forces armées soudanaises (SAF). Ces affrontements ont déclenché la plus grande crise de déplacement au monde, entraînant le déplacement de 10,7 millions de personnes et laissant environ 26 millions de personnes dans une insécurité alimentaire extrême. Même si le conflit entre RSF et SAF a éclaté en avril 2023, des tensions sous-jacentes existent depuis longtemps. La nation était sous le régime du président Omar al-Bashir de 1989 jusqu’à son éviction en 2019, une période marquée par une corruption endémique et une mauvaise gestion économique. Après la destitution d'Al-Bashir suite à un coup d'État, le Soudan a établi un gouvernement de transition comprenant des dirigeants militaires et civils.
Contexte historique et militarisation
Les RSF, initialement connues sous le nom de milices Janjaweed, ont été officiellement reconnues par le gouvernement en 2013 en tant qu'unité auxiliaire des SAF. Dans une interview accordée au Borgen Project, le professeur Bakry Elmedni, président de la Sudan Studies Association et membre du corps professoral de l’Université de Long Island, a noté qu’au départ, RSF s’était concentrée sur la sécurité des frontières. La promulgation de la loi sur les forces de soutien rapide en 2017 les a pleinement intégrées dans les forces armées nationales, dans le but de légitimer le groupe et de définir leurs rôles dans le maintien de la sécurité et la lutte contre les factions rebelles. Après la législation, RSF a élargi son recrutement, en s'appuyant largement sur les tribus arabes et les communautés marginalisées. Elle a commencé à développer ses relations avec l’étranger, recevant des financements substantiels des pays du Golfe, notamment de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. Durant le mandat du gouvernement conjoint de transition, le chef de RSF, le général Mohamed Hamdan Dagalo, a publiquement critiqué les stratégies de recrutement des SAF, les qualifiant d'inefficaces.
Renversement et intensification du conflit
Le 25 octobre 2021, les RSF et les SAF ont renversé la faction civile du gouvernement. Le professeur Elmedni explique que les RSF s'opposaient aux carences du gouvernement civil, tandis que les SAF cherchaient à restaurer le régime d'Al-Bashir. Il ajoute que les SAF nourrissaient probablement du ressentiment envers les RSF pour avoir gagné en légitimité et accès aux ressources, intensifiant ainsi les tensions existantes.
Impact civil et réponse à la crise
Les deux factions armées exacerbent délibérément la crise humanitaire au Soudan. Le professeur Elmedni note que les civils sont souvent pris entre deux feux dans les combats entre les SAF et les RSF dans les zones urbaines, ce qui entraîne des déplacements massifs. En outre, ces groupes ont attaqué des infrastructures civiles et se sont livrés à des homicides illégaux, certains incidents au Darfour occidental étant ciblés sur des critères ethniques. «C'est une situation misérable pour quiconque souhaite apporter de l'aide», déclare le Dr Elmedni. Les travailleurs humanitaires sont confrontés à des dangers importants, car ils manquent de protection et risquent leur vie dans l’exercice de leurs fonctions. Il mentionne également qu'il est difficile d'acheminer l'aide sans cessez-le-feu et avec des routes bloquées par des points de contrôle. Les RSF et les SAF manipulent les approvisionnements alimentaires comme mécanisme de contrôle en ciblant les régions ayant besoin d’aide humanitaire, en pillant les fournitures et en tuant délibérément les travailleurs humanitaires.
Contributions des efforts humanitaires au Soudan
En raison des énormes difficultés liées à la distribution de l’aide humanitaire et des risques encourus par les travailleurs, les grandes organisations ont du mal à se déplacer à travers le pays et à atteindre ceux qui en ont besoin. Les principales organisations humanitaires sont des cuisines locales principalement concentrées dans la capitale du pays, Khartoum, pour aider les citoyens confrontés à l'insécurité alimentaire. Cependant, de plus grandes organisations telles que le Croissant-Rouge soudanais (FICR) parviennent à soutenir les personnes déplacées en leur fournissant des produits de première nécessité sur les principales routes migratoires. Chaque année, ils aident 100 millions de personnes à accéder à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène. De plus, ils offrent des services de santé et d’urgence, essentiels étant donné que 70 % des hôpitaux au Soudan ne sont plus opérationnels.
Regarder vers l'avenir
Malgré les défis posés par le conflit au Soudan, les organisations humanitaires continuent de travailler pour fournir de l'aide à ceux qui en ont besoin. Des groupes locaux et internationaux, tels que le Croissant-Rouge soudanais, ont fourni un soutien crucial, notamment en matière d'eau potable, d'assainissement et de services de santé, aux populations déplacées. Ces efforts continus visent à soulager les souffrances de millions de personnes, offrant ainsi une bouée d’espoir alors que le pays traverse cette période critique.
Floria est basée à Londres, au Royaume-Uni et se concentre sur les bonnes nouvelles et la politique pour le projet Borgen.
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