Les travailleuses domestiques migrantes indonésiennes laissées pour compte

Travailleuses domestiques migrantes indonésiennesTravailleuses domestiques migrantes indonésiennesSelon l'Organisation internationale du travail (OIT), il y aurait environ 2,6 millions de personnes travailleurs domestiques en Indonésiedont plus de 110 000 enfants de moins de 18 ans. Pourtant, les travailleurs domestiques ne sont pas reconnus comme des « travailleurs » au sens du droit du travail indonésien. Cela signifie qu’ils restent invisibles aux yeux de l’État et exclus des protections fondamentales comme le salaire minimum ou la limitation des heures de travail.

Le problème dépasse largement les frontières indonésiennes. Plus de 9 millions d’Indonésiens travaillent actuellement à l’étranger, dont la plupart sont des femmes. Parmi eux, 32 % sont employés dans le secteur domestique, en grande partie dans des ménages privés dans des pays comme la Malaisie, l'Arabie saoudite et Hong Kong. Cet environnement caché et non réglementé expose souvent les travailleurs à l’exploitation, au vol de salaire et aux abus.

Luttes des travailleuses domestiques migrantes indonésiennes

Pour de nombreuses femmes, devenir travailleuse domestique n’est pas un choix mais une nécessité. Issus de milieux ruraux ou économiquement défavorisés, ils migrent à la recherche de revenus pour subvenir aux besoins de leur famille. Cependant, comme leur travail n’est pas formellement reconnu, beaucoup se retrouvent piégés dans des cycles d’exploitation.

Un des défis majeurs réside dans les conditions de travail. Sans contrats standardisés, les travailleurs risquent d’être confrontés à des horaires excessifs, à un manque de jours de repos et à des retenues salariales arbitraires. Leur isolement au domicile de leurs employeurs rend difficile la recherche d'aide en cas d'abus. Les normes de genre aggravent encore la situation : le travail domestique est souvent considéré comme un « travail de femme », dévalorisé comme étant non qualifié et ne méritant pas une rémunération équitable.

L’absence de reconnaissance juridique permet également aux abus et à la violence de persister sans contrôle. Human Rights Watch a documenté des cas de violences psychologiques, physiques et sexuelles. abus contre les travailleurs domestiques. Win Faidah, une ancienne travailleuse migrante indonésienne, a décrit son calvaire : « Aucun jour ne s'est écoulé sans torture. J'avais les yeux bandés, mon dos et ma poitrine ont été brûlés avec un fer à repasser… Je pensais que j'allais mourir et j'étais prêt à mourir. » Son histoire n’est malheureusement pas isolée.

Les ONG, moteurs du changement

Malgré les obstacles, les organisations de base et les partenaires internationaux ouvrent la voie à des réformes.

SOINS Aux Migrants est devenu l’un des groupes de défense les plus importants. Son approche, fondée sur le conseil, le plaidoyer, la recherche et l'éducation, s'étend du lobbying au niveau national aux initiatives villageoises. Grâce à des programmes tels que Villages that Care for Migrant Workers (DESBUMI), Migrant CARE fournit aux communautés les outils nécessaires pour offrir une aide juridique, des informations et une autonomisation au niveau local.

Le Syndicat indonésien des travailleurs migrants (SBMI) joue un rôle clé dans l’organisation des travailleurs et dans la lutte contre les cas d’exploitation. De 2014 à 2024, SBMI rapporte avoir soutenu plus de 1,1 million de personnes grâce à des services sociaux et juridiques. Il a aidé plus de 7 600 affaires juridiques et a contribué à maintenir à l’école plus de 236 000 enfants à risque. Les campagnes SBMI ciblent également les agences de recrutement prédatrices qui facturent des frais illégaux aux travailleurs vulnérables.

L'OIT complète ces efforts en s'associant avec le gouvernement indonésien pour développer des protections pour les travailleurs domestiques. Ses campagnes se concentrent sur des salaires équitables, des conditions de travail sûres et la reconnaissance du travail domestique comme travail essentiel. En créant des cadres de recherche et de politique, l'OIT renforce les efforts de plaidoyer déjà en cours par les ONG locales.

Conclusion

Les travailleuses domestiques migrantes indonésiennes sont essentielles aux ménages qu’elles soutiennent et à l’économie nationale grâce aux fonds qu’elles envoient chez elles. Pourtant, ils restent parmi les travailleurs les moins protégés de la société, confrontés à une négligence systémique, à une stigmatisation sociale et à des abus généralisés. Les efforts combinés d’organisations telles que Migrant CARE, SBMI et l’OIT démontrent que des progrès sont possibles, depuis l’autonomisation au niveau communautaire jusqu’au plaidoyer international.

La réduction de l’écart salarial et l’obtention d’une reconnaissance légale nécessiteront une volonté politique soutenue. Cependant, ces ONG ont montré qu’un changement significatif peut commencer à partir de la base.

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