Mettre fin au mariage des enfants en Guinée

Mariage d'enfants en GuinéeLe mariage des enfants est une pratique courante dans de nombreux pays, mais la Guinée affiche l’un des taux de prévalence les plus élevés au monde. La Banque mondiale définit le mariage des enfants comme un « mariage ou une union ayant lieu avant l’âge de 18 ans ». Beaucoup l’associent souvent à la pauvreté et à un faible niveau d’éducation, et il touche de manière disproportionnée les filles. Plusieurs programmes efficaces visent à réduire le nombre de mariages d’enfants en Guinée.

Population affectée

En Guinée, bien que la loi stipule que l’âge minimum du mariage est de 18 ans, cette règle n’est pas toujours respectée dans la pratique. Selon Girls Not Brides, 47 % des filles se marient avant 18 ans et 17 % des filles se marient avant 15 ans. En comparaison, 2 % des garçons se marient avant 18 ans.

Les taux de mariage d’enfants varient selon les zones. Ils sont deux fois plus élevés en milieu rural qu’en milieu urbain, ce qui peut coïncider avec des niveaux de pauvreté plus élevés dans les campagnes. En Guinée, le mariage d’enfants est plus fréquent dans certaines régions du pays que dans d’autres, le taux le plus élevé étant enregistré à Labé, où 76 % des enfants se marient avant 18 ans, selon Girls Not Brides.

Raisons du mariage des enfants

Les mariages d'enfants sont souvent célébrés avec le consentement des parents et pour des raisons financières, car les enfants peuvent être offerts en échange de biens. D'autres raisons peuvent également être liées aux croyances religieuses et à la crainte que les filles tombent enceintes hors mariage, rapporte Girls Not Brides.

Le mariage des enfants comporte de nombreux dangers pour ces filles : 95 % des filles mariées avant 18 ans subissent des MGF/E, selon Girls Not Brides. Les filles mariées alors qu’elles sont encore enfants sont plus susceptibles d’accoucher plus tôt et de connaître des complications lors de ces grossesses. Elles ont également plus de risques de contracter des infections comme le VIH et sont plus exposées aux violences domestiques.

Mariage d'enfants et pauvreté

La Guinée connaît des niveaux de pauvreté élevés : selon la Banque mondiale, 43,7 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, soit 5,8 millions de personnes. Statistiquement, il existe une forte corrélation positive entre les taux de pauvreté et les taux de mariages d’enfants. C’est le cas en Guinée : Labé est l’une des régions les plus pauvres du pays, avec 66 % de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté. La ville a également le taux de mariages d’enfants le plus élevé de Guinée.

L’UNICEF a constaté que l’amélioration de l’accès à l’éducation est un facteur important qui contribue à réduire le taux de mariage d’enfants. Selon Girls Not Brides, 63 % des femmes sans éducation se marient avant 18 ans, contre 26 % des femmes ayant un niveau d’études secondaires ou supérieures. Par conséquent, un aspect clé de la lutte contre le mariage d’enfants est l’amélioration de l’accès à l’éducation ; c’est également un objectif important de la réduction de la pauvreté.

Solutions

Bien que la Guinée soit l’un des pays les plus touchés par le mariage des enfants, certains changements sont en cours. Le pays a signé les ODD, dont l’un vise à mettre fin au mariage des enfants. La Guinée a également signé la Convention relative aux droits de l’enfant et a lancé en 2017 la campagne de l’Union africaine pour mettre fin au mariage des enfants en Afrique, selon Girls Not Brides. Cette campagne a débuté en 2014 et vise à cibler les pays d’Afrique les plus touchés par le mariage des enfants. Elle a donné aux pays et aux dirigeants l’espace nécessaire pour défendre les droits des filles et a encouragé de nombreux pays à modifier leurs lois concernant le mariage des enfants. Elle a également donné lieu à davantage de recherches sur le mariage des enfants, fournissant des informations importantes sur ses impacts.

L’UNICEF a mis en œuvre le Programme d’amélioration des compétences fondamentales, qui forme les enseignants dans le but d’améliorer les capacités de lecture et de calcul des enfants en Guinée. Au début du programme, 61 % des élèves ne savaient pas identifier les nombres. Six mois après le lancement du programme, ce chiffre est tombé à seulement 4 %. En raison de ce succès, de nombreuses autres écoles ont postulé pour participer au programme, ce qui a permis d’accroître sa portée de 1 500 élèves à près de 6 000.

Comité d'équité

Le gouvernement américain a également proposé son aide pour améliorer l’accès à l’éducation. Le programme d’éducation de l’USAID a créé un Comité pour l’équité afin d’accroître le nombre de filles scolarisées. La Banque mondiale s’est également associée à ce projet pour financer des études sur la manière d’éduquer les filles, un domaine encore inexploré, et pour mener des campagnes de sensibilisation afin d’encourager davantage de filles et leurs familles à accéder à l’éducation. Le pourcentage de filles scolarisées est ainsi passé de 23 % à 36 % et celui des garçons de 51 % à 66 % en seulement quatre ans.

Cette augmentation du niveau d’éducation a eu un impact sur le nombre de mariages d’enfants en Guinée. On constate une diminution globale du nombre de mariages d’enfants : la Banque mondiale indique que l’âge moyen du mariage chez les 18-22 ans est de 15,5 ans, contre 16,8 ans chez les 18-49 ans, ce qui montre donc une baisse.

Des progrès notables ont été réalisés et les perspectives d’avenir s’annoncent plus prometteuses pour les jeunes Guinéens, à mesure que les efforts se poursuivent pour réduire le nombre de mariages d’enfants dans le pays. En continuant d’augmenter le nombre d’enfants, en particulier de filles, d’accéder à l’éducation et en réduisant la pauvreté, la Guinée peut poursuivre les progrès réalisés pour éradiquer le mariage d’enfants.

Eryn est basée en Angleterre et se concentre sur la santé mondiale pour le projet Borgen.

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