L’invisible crise du médico-social : les voix silencieuses derrière la solidarité nationale

Le secteur médico-social, maillon essentiel de la solidarité nationale en France, est étranglé par une précarité grandissante. Nexem, le principal représentant des employeurs du secteur médico-social à but non lucratif, a tenté de rompre ce silence en marchant vers l’Assemblée nationale, non pas avec des pancartes, mais avec un appel désespéré à la reconnaissance et au soutien.

C’est la détresse des acteurs de la solidarité s’est déployée sous l’ombre des grilles de l’Assemblée nationale en ce 24 octobre. Un sit-in symbolique, où les employeurs du médico-social ont, pour une fois, changé de casquette, mimant les mendiants en quête d’une obole budgétaire. Leur message était clair et puissant : la solidarité nationale se meurt sous le poids d’un financement insuffisant et d’une méconnaissance publique.

Lorsqu’on évoque la précarité des 10 millions de Français en situation de vulnérabilité, les chiffres semblent parler d’un monde lointain. Cependant, derrière ces chiffres, il y a des visages, des histoires, et surtout, des professionnels qui tendent la main à ces âmes en détresse. Nexem, portant la voix de 11 000 établissements et plus de 330 000 employés, s’est retrouvé en première ligne face à cette crise. Les établissements qu’ils représentent sont les remparts face à la misère sociale, les gardiens de l’humanité dans un monde où l’individualisme gagne du terrain.

L’analyse du président de Nexem, Alain Raoul, a révélé une ironie cruelle ; ce sont désormais les employeurs qui descendent dans la rue pour revendiquer la capacité à rémunérer dignement leurs employés. Un constat qui sonne comme un tocsin dans un pays qui se veut le chantre de la solidarité.

Le combat de Nexem est celui de millions de français

Le jour de l’examen du projet de loi de finance de la sécurité sociale (PLFSS), la mobilisation de Nexem était loin d’être un hasard. Elle met en lumière l’urgence d’une réévaluation du financement du secteur médico-social, un sujet souvent relégué aux oubliettes des promesses politiques. Le combat de Nexem est donc loin d’être un épiphénomène. Il incarne une lutte plus large pour la dignité et la reconnaissance, non seulement des professionnels du médico-social, mais également des millions de Français qu’ils accompagnent au quotidien.

Les salariés du secteur médico-social, les invisibles soutiens de la cohésion sociale, sont eux-mêmes victimes de la précarité avec des salaires stagnants, loin derrière la moyenne nationale. Le cas des éducateurs est particulièrement édifiant : il y a une décennie, ils débutaient leur carrière avec un salaire de 1,6 Smic, aujourd’hui, ils peinent à toucher le salaire minimum.

Les employeurs du secteur ont changé de tactique, délaissant la courtoisie des discours pour l’impact direct sur les législateurs. Une démarche de lobbying a été initiée, apportant avec elle l’espoir d’une prise de conscience politique. Quatre amendements sur les 23 proposés ont trouvé écho chez les députés. Cependant, leur adoption reste en balance, témoignant de la bataille acharnée que mène Nexem.

Au-delà des besoins budgétaires, c’est une réelle reconnaissance du rôle pivot du secteur médico-social dans la préservation de la solidarité qui est revendiquée. Les manifestations devant l’Assemblée nationale n’étaient que le reflet d’une détresse plus profonde, celle d’un secteur crucial laissé pour compte.

L’heure est donc à l’action, à une réévaluation sérieuse des priorités nationales. La crise du médico-social n’est pas seulement une crise sectorielle, elle est le miroir des valeurs de solidarité et d’humanisme que porte la République. Dans la bataille pour la cohésion sociale, le cri de Nexem résonne comme un appel à ne pas oublier.