Le silence est l’instrument d’oppression le plus puissant. Après avoir repris le contrôle de l'Afghanistan en 2021, les talibans ont réduit au silence les femmes et les filles afghanes dans presque tous les aspects de la vie : attaquant systématiquement les droits des femmes. Cela a rendu l'Afghanistan pratiquement invivable pour les femmes et les filles, la situation représentant la crise des droits des femmes la plus grave au monde. Dans ce contexte critique, la journaliste afghane Hamida Aman a fondé Radio Begum, qui offre une bouée d’espoir aux femmes et aux filles afghanes.
L’« apartheid de genre » en Afghanistan
Les talibans appliquent « méthodiquement et intentionnellement » un système de ségrégation fondée sur le sexe – que les militants afghans, comme le Dr Sima Samar, qualifient d’« apartheid de genre ».
Le Dr Samar, qui a été témoin de l'effondrement du précédent régime taliban en 2001, n'aurait jamais imaginé voir des violations aussi extrêmes des droits des femmes se reproduire vingt ans plus tard. Pourtant, au cours des trois dernières années, les talibans ont promulgué de nombreuses lois interdisant aux filles d’aller à l’école secondaire, d’accéder à l’emploi, à la justice et même aux espaces publics. Plus récemment, l’oppression des femmes a atteint un nouvel extrême, avec l’interdiction « aux voix des femmes d’être entendues en public ».
Une enseignante en Afghanistan a déclaré : « Dans ma province, nous avions des filles qui pouvaient devenir chanteuses, professeures, athlètes et politiciennes. Maintenant, nous n'avons plus rien. Tous ces talents sont en prison, ont quitté le pays ou vivent désormais cachés. Les familles se précipitent pour marier leurs filles parce qu’elles craignent que les talibans ne les épousent. La plupart des filles sont mariées de force. C’est un cauchemar que je n’aurais jamais imaginé pouvoir se produire.
Le pouvoir de la radio pour éduquer
La radio est un outil puissant pour résister à l’oppression des femmes et des filles par les talibans. Elle constitue l'une des principales sources d'information pour les Afghans, avec 72 % de la population ayant accès à une radio en 2015. Cette accessibilité généralisée permet à la radio de servir de plateforme éducative importante pour les filles afghanes.
Consciente de cela, Radio Begum a vu le jour en 2021 pour soutenir, autonomiser et éduquer les femmes et les filles afghanes. Ses émissions de radio quotidiennes assurent actuellement une scolarité à distance et un soutien éducatif à 5,9 millions de filles afghanes.
Cependant, Radio Begum n’est qu’une partie de la mission plus large menée par sa fondatrice, Hamida Aman. Son ONG, The Begum Organisation for Women (BOW), rassemble un réseau d'activistes sociaux, de professionnels de santé et de journalistes qui produisent des émissions depuis Paris vers plus de 19 provinces d'Afghanistan. Avec le soutien de l'UNESCO, BOW étend même son soutien au-delà de l'éducation, en produisant du contenu dédié à la santé mentale des femmes, aux soins de santé sexospécifiques et à la violence domestique, selon l'UNESCO.
De plus, grâce au financement du Programme international pour le développement de la communication (PIDC), BOW a encore élargi sa portée en intégrant la radio, la télévision par satellite et la diffusion sur Internet pour garantir que davantage de filles à travers l'Afghanistan puissent accéder à l'éducation gratuitement. Si Radio Begum ne peut mettre un terme à l'oppression des femmes et des filles, Hamida Aman souligne qu'« en gardant notre radio allumée, en gardant la voix forte, nous résistons », rapporte l'UNESCO.
Le besoin d’un soutien international
Radio Begum offre une bouée de sauvetage essentielle aux femmes et aux filles afghanes. Malgré des obstacles importants, le travail de BOW illustre la résilience et la résistance des femmes afghanes aux talibans, alors qu'elles continuent de développer des moyens innovants pour soutenir et autonomiser les filles afghanes. Cependant, BOW doit obtenir un financement international supplémentaire pour garantir que Radio Begum continue de fournir aux femmes et aux filles afghanes un accès à l’éducation, à l’emploi et à des opportunités de leadership.
Pourtant, malgré la gravité de la situation, la communauté internationale n’a pas pris de mesures suffisantes. En effet, Amnesty International et des militants, comme Sima Samar, continuent d’appeler à la création d’un mécanisme international indépendant pour tenir les talibans responsables de leurs crimes au regard du droit international.
Georgia est basée à Londres, au Royaume-Uni et se concentre sur les bonnes nouvelles et la technologie pour le projet Borgen.
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