« The Swimmers » de Netflix lutte contre la stigmatisation des réfugiés

Stigmatisation contre les réfugiés
« The Swimmers » est une production Netflix de 2022 racontant la remarquable histoire vraie de deux sœurs, Sara et Yusra Mardini, alors qu’elles fuient la guerre dans leur ville natale de Damas, en Syrie, à la recherche d’une vie meilleure en Allemagne. Inspiré de faits réels, le film capture le voyage éprouvant que les réfugiés entreprennent dans leur quête de sécurité et d’un avenir meilleur et, ce faisant, combat la stigmatisation des réfugiés en permettant au public de faire preuve d’empathie et de s’identifier aux personnages.

Les personnages se rendent d’abord sur l’île grecque de Lesbos, risquant leur vie en pleine mer sur un bateau bondé. Pour empêcher le bateau de couler, Sara et Yusra sautent à l’eau et nagent pour le reste du voyage. Ce qui suit est leur arrivée à Berlin et le chemin qui a conduit Yusra à concourir pour l’équipe des réfugiés aux Jeux Olympiques de Rio 2016.

Les réalités auxquelles sont confrontés les réfugiés

Un scénario solide et une bonne production capturent le voyage et les réalités auxquelles les réfugiés sont confrontés de l’autre côté de la mer et une fois en Europe. Le contraste entre l’amitié et la vie à Damas avec une expérience de mort imminente en haute mer crée une empathie durable et humanise les personnages impliqués alors que le public les voit séparés de leurs familles et de l’endroit qu’ils appelaient autrefois chez eux.

Le détail du récit fait du film une expérience éducative, décrivant le processus impliqué pour accueillir un tel nombre de personnes et les longues procédures bureaucratiques nécessaires pour obtenir la documentation officielle. Les scènes après l’arrivée des réfugiés à Berlin sont envoûtantes et attachantes. Le film met également en évidence la vulnérabilité des réfugiés à l’exploitation et aux abus tout au long du voyage.

Le gouvernement allemand sous Angela Merkel a admis plus d’un million de réfugiés dans le pays en 2015. Le film dépeint cette fois où les sœurs et leur cousin traitent leurs photos et leurs empreintes digitales, après quoi les autorités les séparent en refuges pour hommes et femmes. Les dortoirs identiques sont dispersés sur un plan d’étage massif de ce qui semble être un entrepôt, offrant des lits et un espace de stockage, mais peu ou pas d’intimité et d’espace personnel pour les personnes à l’intérieur. Une belle scène, dans la reconnaissance de l’investissement et des efforts du gouvernement pour accueillir les demandeurs d’asile, avec le sombre arrière-goût de se rendre compte que de nombreux besoins des réfugiés ne sont toujours pas satisfaits.

Le voyage des réfugiés

Autant l’histoire se concentre sur le voyage et la relation de Sara et Yusra Mardini, autant le film a une dynamique divisée, dansant sur la ligne qui sépare le collectif de l’individuel. Cette dynamique de clivage est un thème central. L’intrigue suit l’histoire des deux sœurs et se déroule dans le contexte de millions de personnes qui ont entrepris le même voyage perfide, avec des rappels continus de la fortune de ceux qui ont survécu et ont réussi à obtenir un refuge.

Selon les données du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), à la mi-2022, il y avait plus de 100 millions de personnes déplacées de force dans le monde, dont 32,5 millions sont des réfugiés, dont 6,8 millions ont fui la Syrie.

Le résultat de l’approche divisée que le film adopte met en évidence le sort collectif des réfugiés et les impacts considérables des déplacements forcés de masse tout en mettant l’accent sur l’individualité de chaque personne entreprenant le difficile voyage à la recherche d’un refuge.

Changer les perceptions par l’information et l’éducation

L’efficacité des films à transmettre des problèmes et des situations complexes est irréfutable. Le ciblage sensoriel de l’imagination auditive et visuelle transporte le public dans la peau du personnage, créant empathie et compréhension. Yusra souligne l’importance du système éducatif pour lutter contre la stigmatisation des réfugiés en diffusant des informations et en dissipant les mythes. Yusra, depuis sa participation à deux Jeux olympiques consécutifs, est devenue ambassadrice de bonne volonté du HCR et déclare que le film aura un fort impact sur la lutte contre la stigmatisation des réfugiés, permettant aux gens de discuter plus ouvertement du déplacement et de mieux comprendre de celui-ci.

Il s’agit d’une étape cruciale à franchir pour lutter contre la stigmatisation des réfugiés. La condition préalable pour changer les perceptions des réfugiés est de comprendre et de reconnaître leurs luttes et leur besoin humain de sécurité et d’un avenir stable. Les gens fuient la guerre et la pauvreté à la recherche de meilleures conditions pour vivre leur vie. La dure réalité est que pour beaucoup, les conditions ne s’améliorent pas beaucoup. À l’échelle mondiale, les réfugiés ont du mal à satisfaire leurs besoins de base en matière de soins de santé, d’éducation et de subsistance. Les données du HCR indiquent que quatre réfugiés syriens sur cinq en Jordanie vivaient en dessous du seuil national de pauvreté avant la pandémie de COVID-19.

Dans le film, Yusra a eu du mal à ne pas pouvoir représenter son pays natal, la Syrie, aux Jeux olympiques. Craignant initialement de gagner sa place olympique par pitié, ses expériences se sont finalement transformées en un sentiment de fierté de représenter l’équipe olympique des réfugiés et en ont fait une voix d’inspiration et de plaidoyer pour tous ceux qui ont vécu ce qu’elle a vécu.

Capturer efficacement le sort des réfugiés dans un film combat la stigmatisation des réfugiés en fournissant les bases pour que cette éducation commence. C’est une histoire de lutte, d’épreuves et d’amour, dont beaucoup ne peuvent espérer mesurer l’intensité, condensée en une durée de deux heures et 15 minutes.

–Bojan Ivancic
Photo : Flickr

*