Combattre un ennemi vieux de 3 000 ans : la fièvre jaune en Afrique

Fièvre jaune en AfriqueL’Afrique est confrontée à une menace vieille de 3 000 ans. Cette même menace a causé mort et destruction dans les civilisations mayas dans les années 1600, a ravagé la Nouvelle-Orléans dans les années 1800 et a ensuite coûté plus de vies aux soldats pendant la guerre hispano-américaine que les combats. Malgré sa longue histoire, le XXIe siècle a été marqué par une nouvelle lutte contre l’ennemi de longue date de l’Afrique : la fièvre jaune.

L’Angola, un pays du sud-ouest de l’Afrique, a connu une épidémie urbaine de fièvre jaune en 2016. Dans les épidémies urbaines, où la maladie se propage d’humain à humain, la fièvre jaune est exceptionnellement mortelle. Lors de l’épidémie en Angola, la fièvre jaune s’est propagée aux pays voisins et a provoqué un besoin urgent de millions de doses de vaccin contre la fièvre jaune. Tous les vaccins disponibles ont été rapidement distribués, ce qui montre clairement la nécessité de planifier de futures épidémies.

En réponse, l’Organisation mondiale de la santé, en partenariat avec Gavi et l’UNICEF, a créé le Éliminer les épidémies de fièvre jaune (EYE) en 2017. La stratégie EYE présente un plan de lutte contre la fièvre jaune jusqu’en 2026, ciblant 40 pays, dont 27 en Afrique, les plus à risque de fièvre jaune. Les principaux objectifs de la stratégie EYE sont de protéger les personnes à risque, de prévenir la propagation internationale et de réprimer rapidement les épidémies. De nombreux efforts couronnés de succès ont été déployés dans la lutte contre la fièvre jaune en Afrique.

Protéger les personnes à risque

La vaccination est le principal moyen de protéger les personnes exposées au risque de fièvre jaune. Le vaccin contre la fièvre jaune est sûr, peu coûteux et confère une immunité à vie. Chaque dose coûte un peu plus de 1 $. La stratégie EYE recommande des efforts de vaccination de masse dans les pays à haut risque. En outre, la stratégie recommande que les pays africains à haut risque incluent le vaccin contre la fièvre jaune dans leurs calendriers réguliers de vaccination des enfants. Il existe un consensus sur le fait que l’immunité collective de la population contre la fièvre jaune se situe entre 60 % et 80 % et, par conséquent, la stratégie EYE vise à vacciner au moins 70 % de la population à haut risque.

De nombreux efforts ont été déployés pour protéger les personnes à risque contre la fièvre jaune en Afrique. Entre 2017 et 2022, plus de 220 millions de personnes en Afrique ont reçu le vaccin contre la fièvre jaune, dont plus de 50 millions vaccinations administrées dans le cadre de campagnes. Le Nigeria a mené une campagne de prévention et vacciné plus de 31 millions de personnes. La République du Congo a vacciné 3,6 millions de personnes dans le cadre d’une campagne de réponse à une épidémie.

Prévenir la propagation internationale

La stratégie EYE décrit les moyens de prévenir la propagation internationale de la fièvre jaune. Une stratégie consiste à donner la priorité à la vaccination des travailleurs des secteurs à haut risque comme le pétrole, les mines, la construction et la foresterie. Une autre façon d’arrêter la propagation internationale consiste à exiger la vaccination contre la fièvre jaune pour les personnes voyageant à destination et en provenance de pays à haut risque. La stratégie EYE recommande également des plans de préparation avec les étapes que les agences doivent suivre en cas d’épidémie. De tels plans peuvent garantir que les autorités sont prêtes à lancer rapidement des campagnes de vaccination de masse réactives.

Les pays africains ont fait des progrès pour empêcher la propagation internationale de la fièvre jaune. De nombreux pays africains présentant un risque élevé de transmission imposent des exigences de vaccination aux voyageurs. L’Angola, par exemple, exige une preuve de vaccination contre la fièvre jaune pour les voyageurs âgés de 9 mois et plus. De nombreux pays ont également élaboré des plans de préparation aux épidémies pour empêcher la propagation internationale. En 2021, le Nigeria a publié un rapport détaillé sur ses réponses aux épidémies de 2017 à 2019 et ses stratégies pour améliorer sa préparation. Ce rapport fournit un guide permettant aux autres pays africains d’améliorer leurs réponses aux épidémies.

Réprimer les épidémies

La stratégie EYE propose aux pays plusieurs moyens de contenir les épidémies. La détection rapide des cas de fièvre jaune constitue une stratégie importante. La création et le maintien de réseaux de surveillance sont essentiels pour que les agences puissent identifier immédiatement les cas de fièvre jaune. Des laboratoires bien approvisionnés sont également essentiels pour confirmer les cas de fièvre jaune. Une stratégie supplémentaire pour arrêter les épidémies consiste à constituer des stocks de vaccins. Les autorités peuvent déployer des stocks de vaccins contre la fièvre jaune lors d’épidémies et contribuer à contenir la propagation de la maladie.

Les efforts visant à contrecarrer la fièvre jaune en Afrique ont amélioré les réponses aux épidémies. Le groupe de travail technique des laboratoires de la stratégie EYE a approuvé un nouveau kit de test de la fièvre jaune pour accélérer la détection en 2021. En 2022, les laboratoires de l’Ouganda, du Niger, du Tchad et du Ghana ont amélioré leurs capacités à détecter la fièvre jaune grâce à la formation. L’équipe de soutien à la gestion des incidents de la stratégie EYE a dispensé une formation sur l’optimisation de la surveillance et des réponses aux épidémies dans 10 pays africains en 2022.

Point médian de la stratégie EYE

La stratégie EYE a atteint la moitié de son calendrier en 2022. Jusqu’à présent, ses efforts ont abouti à des succès majeurs dans la lutte contre la fièvre jaune en Afrique, notamment des centaines de millions de vaccinations et une meilleure préparation aux épidémies.

Malgré ces succèsplus de 10 pays africains ont signalé des cas de fièvre jaune en 2022. Les travaux se poursuivent pour améliorer la fièvre jaune en Afrique.

-Kelly Carroll

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