La patate douce biofortifiée : une solution à l’insécurité alimentaire

Patate douce biofortifiéeLa carence en vitamine A touche environ 140 millions d’enfants dans le monde, ce qui pose de graves problèmes de santé publique, notamment une immunité affaiblie, un retard de croissance et une cécité potentielle. Depuis 2009, le Centre international de la pomme de terre (CIP), une composante du CGIAR, mène des initiatives pour lutter contre cette carence, notamment en Afrique et en Asie. Leur solution consiste à développer une patate douce à chair orange biofortifiée et résistante au climat. Cette innovation vise à répondre à des défis mondiaux importants comme la malnutrition et la pénurie alimentaire.

Lutte contre la carence en vitamine A

La culture innovante du CIP joue un rôle crucial dans la lutte contre la carence en vitamine A. Consommer seulement 125 grammes de patate douce à chair orange bouillie (OFSP) peut répondre aux besoins quotidiens en vitamine A des enfants d'âge préscolaire, ce qui permet de lutter efficacement contre la malnutrition. Les chercheurs ont mis sur le marché plus de 100 variétés de patates douces provitaminées A dans plus de 20 pays, en adaptant chacune d'elles aux conditions environnementales locales pour garantir leur succès.

Avantages nutritionnels et pour la santé

Si la patate douce est riche en provitamine A, les pommes de terre biofortifiées développées par le CIP fournissent également une multitude de nutriments essentiels. 100 grammes de pommes de terre bouillies peuvent fournir 16 % des besoins quotidiens en potassium et 30 % des besoins quotidiens en vitamine C. Récemment, de nouvelles variétés contiennent 40 à 80 % de fer et de zinc en plus, avec un taux d’absorption de 29 %. Grâce à la patate douce, on a constaté une réduction de 22 % de la carence en vitamine A dans 17 pays africains.

Atteindre les ménages

L'initiative de patate douce biofortifiée du CIP bénéficie actuellement à plus de 6,4 millions de foyers, un chiffre qui devrait augmenter puisque l'organisation vise à atteindre 10 millions de foyers dans les cinq prochaines années. Des études révèlent des impacts nutritionnels importants : au Mozambique, l'incorporation de patates douces à chair orange (OFSP) dans l'alimentation des enfants a réduit de 15 % la carence en vitamine A. Pendant ce temps, au Kenya, l'incorporation de purée de patate douce dans le pain et les petits pains a non seulement enrichi les aliments en nutriments essentiels, mais a également stimulé l'activité économique, générant plus d'un million de dollars de ventes annuelles. La consommation de seulement deux tranches de pain faites avec de la purée de patate douce OFSP couvre 10 % des besoins quotidiens en vitamine A d'un adulte.

Les patates douces biofortifiées face aux climats rigoureux

L'Afrique est responsable de moins de 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais elle est affectée de manière disproportionnée par les changements climatiques. D'ici 2040, les températures devraient augmenter de 2 degrés Celsius. Cela représente non seulement un risque énorme pour la sécurité alimentaire, mais aura également de graves conséquences sur les petits exploitants agricoles qui produisent 90 % de la nourriture de l'Afrique subsaharienne. L’OFSP est une plante résistante à la sécheresse. Plus de 10 millions de ménages en Afrique et en Asie du Sud la cultivent désormais. En plus de l’OFSP, le CGIAR développe plus de 350 variétés de plantes biofortifiées et résistantes au climat qui bénéficieront à plus de 50 millions de personnes dans 41 pays.

Perspectives d'avenir

Le programme sur la patate douce du Centre international de la pomme de terre (CIP) a été salué pour son impact significatif sur la sécurité alimentaire mondiale. En 2016, les chercheurs du CIP ont reçu le Prix mondial de l’alimentation pour leurs travaux visant à améliorer la nutrition et la sécurité alimentaire grâce à la culture de cette plante. Pour la période 2022-2024, le CGIAR Investment Prospectus met l’accent sur la transformation des systèmes et le renforcement de la résilience des systèmes agroalimentaires. Cette initiative promeut le développement de cultures riches en nutriments et résistantes au climat, notamment la patate douce biofortifiée, dans le but d’assurer un avenir durable à des millions de familles de petits exploitants agricoles dans le monde entier.

Ellisha est basée à Londres, au Royaume-Uni, et se concentre sur la technologie et les solutions pour le projet Borgen.

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