La pauvreté des personnes âgées au Liban – Le projet Borgen

La pauvreté des personnes âgées au LibanEn 2023, le Liban a connu une nouvelle vague de jeunes professionnels, de personnel médical et d’universitaires quittant le pays. Cet exode massif a aggravé une situation déjà désastreuse, 44 % de la population vivant désormais dans la pauvreté. La crise économique du pays, caractérisée par une monnaie dévaluée, des services de santé inadéquats et des taux de chômage élevés, a particulièrement touché ses citoyens âgés. Étant la plus grande population âgée du Moyen-Orient, beaucoup sont obligés de continuer à travailler au-delà de 60 ans, souvent sans protection sociale ni retraite, ce qui aggrave encore la pauvreté des personnes âgées au Liban.

La crise financière au Liban

La Banque mondiale a qualifié la crise financière du Liban comme l’une des plus graves crises mondiales depuis le milieu du XIXe siècle. La crise, qui a commencé par un effondrement financier complet en 2019, a laissé les banques incapables de payer les déposants en dollars, imposant des contrôles informels des capitaux qui limitent les retraits à des montants limités à des taux de change fortement réduits. Depuis lors, la monnaie libanaise a chuté de 1 500 pour un dollar avant la crise à environ 94 000 en mai 2023, atteignant un pic à plus de 100 000 en mars. Les difficultés économiques du Liban se sont aggravées en raison d’importantes turbulences politiques et de catastrophes, notamment l’explosion dévastatrice au port de Beyrouth le 4 août 2020 et les récentes frappes israéliennes sur des zones civiles dans le sud du Liban.

Exode des cerveaux

La crise au Liban a déclenché une « fuite des cerveaux » : des jeunes diplômés et des professionnels désillusionnés émigrent à la recherche de meilleures opportunités à l’étranger. Cet exode se fait durement sentir dans les secteurs de la santé et de l’éducation, mettant en péril la qualité et la disponibilité des services essentiels pour l’ensemble de la population. Rien qu’en 2021, près de 80 000 Libanais ont quitté le pays. Le départ d’un si grand nombre de personnes qualifiées entrave la reprise économique et fragilise l’infrastructure des services publics, aggravant la crise plus large du pays. Les projections révèlent qu’entre 2020 et 2050, le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus au Liban doublera, tandis que la population jeune devrait diminuer d’environ 33 %.

Accès aux soins de santé

Les personnes âgées représentent près de la moitié de la population totale handicapée au Liban et sont les principales causes de handicap chez les hommes et les femmes âgés, les maladies rénales, les maladies des organes sensoriels et le diabète étant les principales causes de handicap chez les hommes et les femmes âgés. Ces maladies nécessitent un accès régulier aux médicaments et aux services essentiels. Cependant, la crise financière du Liban, aggravée par la pandémie, a laissé le secteur de la santé en difficulté pour fournir des services abordables à sa population pauvre. Les personnes âgées, qui ont le plus besoin de services de santé réguliers, sont confrontées à des défis importants en raison du manque d'assurance maladie, de la flambée des prix des médicaments et du manque de personnel médical. Une étude de HelpAge révèle que de nombreuses personnes âgées, incapables de payer les médicaments qui leur ont été prescrits, réduisent ou arrêtent délibérément leur consommation, mettant encore plus en danger leur santé et ayant un impact sur la pauvreté des personnes âgées au Liban.

Pensions et protection sociale

Le Liban fait partie des 16 pays au monde qui ne disposent pas d’un régime de retraite pour les travailleurs du secteur privé. En conséquence, la majorité des travailleurs – dont 55 % travaillent dans le secteur informel – ne bénéficient d’aucune couverture sociale. En raison de la crise bancaire, les économies de toute une vie sont devenues inaccessibles et continuent de perdre de la valeur à mesure que la monnaie locale se détériore. Cette instabilité financière contraint de nombreux hommes âgés à travailler bien au-delà de l’âge officiel de la retraite, ce qui compromet leur santé physique et mentale, car l’absence de système de retraite les laisse sans filet de sécurité.

Efforts des ONG

Sans réformes gouvernementales plus vastes au Liban, il est peu probable que le pays puisse se relever et que la situation sociale et économique continue de se détériorer. En attendant, de nombreuses ONG et organisations caritatives effectuent un travail crucial pour alléger certaines des difficultés rencontrées par la population âgée. L’association Amel, créée en réponse aux atrocités de la guerre civile libanaise et à l’agression israélienne dans le sud du Liban, est un exemple d’organisation qui œuvre à la promotion des droits des personnes âgées au Liban pour leur permettre de mener une vie digne, sûre et saine.

Amel, qui a pour objectif de « défendre une culture de solidarité plutôt que de charité », propose de nombreux services essentiels, notamment un soutien psychosocial, à la population âgée vulnérable. En collaboration avec HelpAge International, elle donne accès aux personnes âgées à des activités conçues pour améliorer leur bien-être psychologique, telles que des séances de conseil de groupe, un soutien entre pairs, des loisirs et des événements sociaux. Cela se fait par le biais de 32 centres répartis dans tout le pays, six cliniques mobiles, deux unités d'éducation mobiles et une unité de protection mobile. Alors que ces efforts inspirants se poursuivent, ils soulignent le besoin crucial d'un changement systémique pour résoudre les problèmes sous-jacents et apporter un soulagement durable aux citoyens les plus vulnérables du Liban.

Regard vers l'avenir

Les crises économiques et sociales au Liban ont créé de graves problèmes, en particulier pour la population âgée qui manque de protection sociale. L'émigration massive de professionnels a affaibli les services essentiels, aggravant encore les difficultés du pays. Les ONG comme l'Association Amel jouent un rôle crucial en fournissant un soutien immédiat, mais le besoin urgent de réformes gouvernementales globales reste évident pour assurer une reprise durable et une réduction de la pauvreté des personnes âgées au Liban.

Asma est basée à Londres, au Royaume-Uni, et se concentre sur la politique pour le projet Borgen.

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