La route pour éliminer la traite des êtres humains au Maroc

Traite des êtres humains au Maroc
Alors que la traite des êtres humains au Maroc persiste, ce petit pays d’Afrique du Nord s’emploie à y mettre fin. Le département d’État américain identifie le Maroc comme un pays de niveau 2, ce qui signifie qu’il a pris des mesures pour éliminer la traite des êtres humains mais qu’il ne respecte pas encore les normes minimales. En 2016, le Maroc a promulgué une loi anti-traite, posant les bases pour s’attaquer à ce problème. Le Maroc s’attaque à la traite des êtres humains de diverses manières, notamment en s’associant à des organisations de sensibilisation, en fournissant des ressources aux victimes et en prévenant de futures traites.

Types de traite des êtres humains au Maroc

La traite des êtres humains au Maroc comprend le travail domestique non rémunéré, la mendicité forcée et l’exploitation sexuelle. Les enfants peuvent devenir des victimes lorsque leurs familles, généralement issues de milieux défavorisés, les renvoient travailler. Les garçons deviennent souvent ouvriers agricoles ou travaillent dans des métiers tels que la menuiserie ou la mécanique. Pendant ce temps, les filles travaillent généralement comme domestiques ou sont exploitées par le trafic sexuel. Malgré la loi marocaine sur le travail des enfants et une loi de 2018 qui protège spécifiquement les travailleurs domestiques, les employeurs paient fréquemment ces enfants bien en dessous du salaire minimum et les maltraitent. Les trafiquants forcent également les migrants à se prostituer et à d’autres types de travail. Les grandes villes du Maroc sont des destinations pour les « touristes sexuels » d’Europe et du Moyen-Orient qui profitent de la traite des femmes et des enfants.

Qui sont les victimes ?

Le Département d’État américain a indiqué qu’en 2020, le Maroc a identifié 441 victimes de la traite et les a orientées vers des soins. Parmi ces victimes signalées, 245 étaient des femmes, 196 des hommes, 398 des adultes et 43 des enfants. La majorité (426) étaient des citoyens marocains, bien que les migrants d’Afrique subsaharienne et d’Asie du Sud soient également vulnérables. Certaines victimes migrantes de la traite des êtres humains peuvent ne pas être identifiées.

Les familles en difficulté économique contribuent à la traite en retirant les enfants de l’école et en les envoyant travailler, où ils sont souvent victimes d’exploitation. Les trafiquants ciblent également fréquemment les migrants, dont certains sont sans papiers et transitent par le Maroc en route vers l’Europe. Le Département d’État américain a signalé que les trafiquants qui abusent des migrants viennent souvent des mêmes pays que leurs victimes. Les trafiquants peuvent recourir à la violence physique et psychologique ou retenir les passeports des migrants pour les maintenir en servitude.

Comment le Maroc s’attaque à la traite des êtres humains

En 2016, le Maroc a promulgué la loi n° 27.14. Cette loi définit les victimes de la traite des êtres humains ainsi que les crimes de traite des êtres humains et leurs sanctions. En vertu de cette loi, le gouvernement fournit aux victimes une assistance médicale et psychologique, ainsi qu’une aide juridique gratuite. La loi anti-traite du Maroc a également créé une commission nationale pour arrêter la traite des êtres humains et empêcher que de futurs cas ne se produisent.

En plus des changements de politique, le Maroc s’attaque à la traite des êtres humains en travaillant avec des organisations locales et étrangères. SAVE, pour Soutien à l’identification et l’accompagnement des Victimes de Traite des êtres Humains, est un projet de trois ans qui vise à identifier et soutenir les victimes de la traite au Maroc. En 2019, l’association française CCEM a fondé SAVE, financé par l’Union européenne. SAVE est partenaire du gouvernement marocain et de plusieurs associations marocaines. Les objectifs du projet comprennent la réception d’au moins 500 signalements de trafic et l’identification d’un minimum de 100 victimes d’ici 2022. Il espère également partager les meilleures pratiques avec d’autres pays de la région.

Avancer

Alors que le Maroc a fait des progrès pour mettre fin à la traite des êtres humains, davantage de travail est nécessaire. Selon le Département d’État américain, les efforts du Maroc pour poursuivre et condamner les cas de traite des êtres humains ont diminué. De plus, les victimes de la traite des migrants reçoivent toujours des sanctions injustes pour les crimes, tels que les violations de l’immigration et la prostitution, que les trafiquants les ont forcées à commettre. Les recommandations du Département d’État américain comprennent l’établissement de procédures systématisées pour identifier les victimes, en particulier les migrants, la séparation des données sur les crimes de traite des êtres humains et de trafic de migrants et la formation sur la loi marocaine anti-traite.

Dans un entretien avec ONU Femmes, Amina Oufroukhi, présidente du Département de la coopération judiciaire internationale, a noté que les victimes ont souvent peur de demander de l’aide, ce qui rend difficile l’identification de la traite des êtres humains. Pour faire face à ce problème, Oufroukhi a contribué à la création d’un réseau de procureurs formés à l’identification des victimes, ainsi qu’à une campagne de sensibilisation du public marocain. Elle travaille également sur un guide qui aidera les procureurs à mieux appliquer la loi marocaine anti-traite. Oufroukhi espère en outre que le gouvernement et les organisations continueront à instaurer la confiance avec les personnes touchées et que davantage de recherches sur la traite des êtres humains et la migration au Maroc seront menées.

La traite des êtres humains continue de sévir au Maroc. Cependant, les efforts du gouvernement ainsi que des organisations travaillant sur le terrain ont fait de grands progrès dans la protection des droits des victimes et la prévention de l’exploitation et des abus futurs. Alors que le Maroc s’attaque à la traite des êtres humains avec un ensemble diversifié de parties prenantes investies, il y a de l’espoir que ses populations les plus vulnérables finiront par vivre en liberté.

– Annie Prafcke
Photo : Unsplash

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