L’éducation au Burkina Faso : pérenniser l’apprentissage en période de conflit

L'éducation au Burkina FasoL'éducation au Burkina FasoLes crises superposées de conflit et de déplacement ont profondément perturbé l'éducation au Burkina Faso. En février 2024, le ministère burkinabè de l'Éducation a signalé que 5 336 écoles, soit plus de 20 % des écoles du pays, avaient été fermées en raison de l'insécurité, affectant plus de 820 000 élèves et 24 000 enseignants. Dans les régions attaquées, des militants armés ont pris pour cible les enseignants, incendié ou pillé les bâtiments scolaires et intimidé les familles pour empêcher les enfants d'aller en classe.

Entre 2022 et 2023 seulement, les organisations ont documenté plus de 270 attaques contre des établissements d’enseignement, y compris des incendies criminels et des dégâts dans des salles de classe. Parallèlement, les déplacements massifs ont déraciné des millions de familles à l’intérieur du pays, laissant de nombreux enfants sans accès à une scolarité stable. Pourtant, même dans ce contexte précaire, toute une série d’efforts ciblés visent à pérenniser l’apprentissage.

De la formation des enseignants au soutien psychosocial aux classes mobiles et sur tablettes pour les apprenants déplacés, ces interventions visent à combler les écarts causés par le conflit. Voici cinq solutions concrètes pour aider les enfants du Burkina Faso à poursuivre leurs études malgré l’adversité.

Programme de sécurité dans les écoles : soutenir les enseignants et les élèves

Au Burkina Faso, le programme d'école sécuritairedirigé par l'UNICEF en collaboration avec le ministère de l'Éducation et plusieurs ONG, vise à permettre aux enfants d'apprendre en toute sécurité malgré la violence et les déplacements continus. L'initiative protège les étudiants et les enseignants dans les zones touchées par le conflit tout en promouvant le bien-être psychosocial et la résilience. Une partie clé du programme se concentre sur la formation des enseignants à fournir un soutien psychosocial et à gérer efficacement les classes pendant les périodes de stress.

De nombreux éducateurs au Burkina Faso ont eux-mêmes vécu un traumatisme. Ainsi, la formation les aide à identifier les signes de détresse chez les élèves et à développer un sentiment de sécurité et de confiance en classe. Lors d'une évaluation portant sur 583 enseignants, plus de 80 % ont présenté des symptômes de stress ou de traumatisme, soulignant à quel point ce soutien est vital pour soutenir l'éducation au Burkina Faso.

Depuis son lancement, le programme a a touché plus de 900 000 enfants et 10 000 enseignants dans environ 4 400 écoles. Rien que dans la région Centre-Nord, plus de 11 600 enfants, dont 6 000 filles, ont bénéficié d’espaces d’apprentissage sécurisés, tandis que 2 000 enfants ont reçu un soutien psychosocial direct. En mettant l'accent sur la sécurité, la santé mentale et l'autonomisation des enseignants, le programme Safe School montre comment l'éducation peut rester une source de stabilité et d'espoir même en pleine crise.

Des salles de classe mobiles et sur tablettes pour les apprenants déplacés

En réponse aux fermetures d'écoles et aux attaques généralisées, l'UNICEF L'éducation en situation d'urgence (EiE) aide les enfants du Burkina Faso à retrouver l’accès à une éducation sûre et de qualité. L'initiative se concentre sur la réouverture des écoles dans les zones touchées par le conflit, la formation des enseignants et la création d'espaces d'apprentissage protégés pour les enfants déplacés. L'UNICEF et Save the Children ont tous deux introduit programmes d'apprentissage sur tablette dans le cadre de leur réponse EiE.

Les tablettes sont préchargées avec des cours d'alphabétisation, de calcul et de compétences de vie, conçus pour un apprentissage à votre rythme sans avoir besoin d'un accès à Internet ni d'argent pour acheter des livres. Cette approche contribue à combler le fossé pour les élèves dont la scolarité a été interrompue par le déplacement, faisant ainsi de l'éducation au Burkina Faso une priorité. Les initiatives basées sur la technologie contribuent à étendre les possibilités d’apprentissage aux enfants des régions où l’accès à l’école formelle reste limité.

Formation des enseignants d’urgence : adapter la pédagogie en cas de crise

Les programmes rapides de formation des enseignants sont essentiels pour soutenir l’éducation dans des crises comme celle du Burkina Faso. Rapports humanitaires de l'UNICEF indiquent que les efforts d'EiE du Burkina Faso incluent le renforcement des capacités des enseignants et des animateurs, même dans un contexte d'instabilité. Par exemple, fin 2024, 18 enseignants ont participé à la formation « Classes alternatives d’urgence », qui couvrait la protection, la pédagogie et l’enseignement des langues nationales.

Suite à des perturbations scolaires prolongées, des cours de rattrapage dirigés par des enseignants qualifiés ont été mis en place pour aider les enfants à retrouver leur élan d'apprentissage. De juillet à août 2024, l'UNICEF a soutenu 14 314 enfants avec des cours de rattrapage quotidiens dans cinq régions ; les enseignants de ces programmes sont formés pour travailler avec des élèves qui ont manqué l’école.

Espaces d'apprentissage dirigés par des ONG et des communautés

Les initiatives locales et communautaires sont devenues essentielles pour maintenir l'éducation au Burkina Faso vivantes les régions touchées par le conflit. Dans tout le pays, des ONG et des groupes de base créent des espaces d'apprentissage temporaires et soutiennent les écoles d'accueil qui ont accueilli des enfants déplacés. Ces centres gérés localement offrent non seulement des salles de classe, mais aussi un sentiment de normalité aux enfants qui ont fui la violence.

Des organisations comme Educo, en collaboration avec des partenaires comme Terre des Hommes et INTERSOS, ont soutenu une quarantaine d'écoles accueillant des enfants déplacés. Grâce à des salles de classe temporaires et au soutien des enseignants, ces efforts aident plus de 20 000 apprenants, dont 11 000 élèves déplacés internes et enfants des communautés d’accueil. Parallèlement, ONU-Habitat a construit de nouvelles salles de classe dans des zones urbaines telles que Kaya, Kongoussi, Tougouri et Dori, où les familles déplacées ont mis à rude épreuve les infrastructures existantes.

Ces projets contribuent à réduire la surpopulation et à créer des espaces plus sûrs et plus stables permettant aux enfants de poursuivre leur éducation au Burkina Faso. Ces initiatives montrent comment les communautés et les organisations locales interviennent pour maintenir l'éducation. Elles vont de la création de salles de classe temporaires à l’agrandissement des installations scolaires, garantissant que les enfants touchés par le conflit puissent continuer à apprendre dans des environnements plus sûrs et plus favorables.

Soutien et partenariats internationaux

Les donateurs internationaux et les organisations de développement jouent un rôle essentiel dans le maintien de l’éducation au Burkina Faso. Ils contribuent à financer les infrastructures, à résoudre les conflits et à soutenir l’accès d’urgence à l’apprentissage. Un exemple est le récent projet de la Banque mondiale Restaurer les performances du système éducatif et améliorer la résilience (RÉPARATION) Projet.

Le projet de 140 millions de dollars vise à élargir l'accès à l'éducation primaire et préscolaire, à améliorer l'apprentissage de base et à soutenir l'éducation d'urgence pour les enfants déplacés et vulnérables. Il comprend également des investissements dans les infrastructures éducatives et le renforcement des capacités du gouvernement. Dans le cadre de REPAIR, environ 2,2 millions d'élèves et 40 000 enseignants au Burkina Faso devraient bénéficier de sa gamme d'interventions.

Ensemble, des projets comme REPAIR mettent en évidence la manière dont les partenariats internationaux peuvent contribuer à soutenir l’éducation même en temps de crise. En investissant dans les infrastructures, la formation des enseignants et l’accès des apprenants déplacés, ces collaborations contribuent à maintenir les salles de classe ouvertes et à donner à davantage d’enfants burkinabè la chance de poursuivre leurs études.

L’éducation perdure au Burkina Faso

Malgré des années de conflit et de déplacements, l'éducation au Burkina Faso continue grâce à la détermination des enseignants, des communautés et de leurs partenaires. Ces efforts, depuis les salles de classe temporaires jusqu’à la formation des enseignants et la reconstruction des écoles, démontrent comment la coopération peut soutenir l’apprentissage même dans les circonstances les plus difficiles. Alors que les citoyens de tout le pays travaillent ensemble pour restaurer l’accès et la stabilité, l’éducation reste plus qu’une nécessité ; c'est une source d'espoir et un chemin vers une paix et un rétablissement durables.

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