Mouvement pour la décriminalisation des MGF en Gambie

Les MGF en Gambie
La Gambie se trouve à un carrefour crucial entre tradition, droits humains et progrès, empruntant la voie délicate de la dépénalisation des MGF. Mutilation génitale féminine/excision (MGF), également appelée circoncision féminine, est une pratique nocive et invasive mais très traditionnelle consistant à retirer partiellement ou complètement les organes génitaux externes d’une femme pour des raisons non médicales. Les MGF sont pratiquées comme une tradition et une norme sociale comme symbole qu’une fille est prête pour le mariage. Selon le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), au moins 200 millions de femmes et de filles aujourd’hui ont subi le processus de MGF. Les MGF sont néfastes en raison des risques immédiats tels que la douleur, les traumatismes et les infections, ainsi que de leurs conséquences à long terme, notamment les complications de l’accouchement, la douleur chronique et le traumatisme psychologique. Cette pratique viole les droits de l’hommeportant atteinte à l’autonomie et contribuant à la stigmatisation et aux inégalités entre les sexes.

Mouvement pour la décriminalisation des MGF

En août 2023, la condamnation de trois femmes en Gambie pour MGF a relancé un débat controversé autour de l’interdiction actuelle des MGF. Les femmes devaient soit payer 15 000 dalasis (environ 1 000 dollars américains), soit purger jusqu’à un an de prison. Les trois femmes ont été inculpées au titre de la loi modifiant la loi sur les femmes de 2015.

Lors d’une session de l’Assemblée nationale en septembre 2023, un soutien s’est manifesté en faveur de Sulayman Saho, député de l’Assemblée nationale qui milite pour l’abrogation de la loi de 2015 interdisant les MGF. Ce soutien a été soutenu par de nombreux dirigeants politiques et religieux œuvrant activement pour la décriminalisation des MGF, le Parlement et le Conseil suprême islamique de Gambie soutenant ouvertement cette pratique. Les remarques de Saho ont coïncidé avec des tensions entre les dirigeants islamiques, dirigés par l’imam Abdoulie Fatty. Saho a souligné la nécessité d’examiner à la fois les aspects juridiques et culturels entourant les MGF. Des personnalités politiques telles que Saho et bien d’autres estiment que la décriminalisation des MGF en Gambie préserve les pratiques culturelles et traditionnelles qui portent atteinte à leurs droits. droits de choix personnel.

Impact de la décriminalisation des MGF en Gambie

Ceux qui s’opposent à la décriminalisation des MGF en Gambie, comme la Coalition de la société civile et des ONG, ont souligné l’obligation légale du gouvernement gambien de protéger les droits et la santé des femmes et des filles. Dans un communiqué, ils ont fermement condamné ceux qui exploitent les croyances sociales et religieuses à des fins personnelles, soulignant l’impact durable sur la vie des femmes concernées. Malgré certaines réticences, les femmes gambiennes risquent de devenir victimes de MGF.

Résistance à la décriminalisation des MGF

Malgré les efforts visant à décriminaliser les MGF en Gambie, une opposition significative a émergé. Créée en 1984 en tant qu’organisation à but non lucratif, la Comité gambien sur les pratiques traditionnelles affectant la santé des femmes et des enfants (GAMCOTRAP), opérant à Bakau, en Gambie, est à l’avant-garde de cette initiative.

GAMCOTRAP a été créée en 1984 en tant qu’organisation à but non lucratif lors du Séminaire international sur les pratiques traditionnelles affectant la santé des femmes et des enfants au Sénégal avec l’aide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le séminaire a réuni 28 pays africains pour discuter des questions ayant un impact sur la santé des filles et des femmes, y compris les pratiques traditionnelles telles que les MGF.

GAMCOTRAP se concentre sur lutter contre les effets néfastes des pratiques traditionnelles sur les femmes et les filles, avec un accent particulier sur la lutte contre les MGF et la prise en compte des dimensions sexospécifiques du VIH/SIDA. Utilisant une approche stratégique, GAMCOTRAP s’est engagé dans une campagne critique contre les pratiques traditionnelles néfastes. Cet effort global comprend des programmes communautaires, une collaboration avec d’autres organisations à but non lucratif, des initiatives éducatives et des campagnes de plaidoyer.

GAMCOTRAP s’associe à des entités de premier plan telles que l’UNICEF, ONU Femmes et le Fonds mondial pour les femmes. Ensemble, ces groupes travaillent pour éradiquer les MGF, en employant une stratégie à multiples facettes englobant la sensibilisation, l’engagement communautaire et la collaboration avec des organisations internes et internationales.

L’UNFPA a soutenu GAMCOTRAP pour lancer l’initiative « Lâcher le couteau », « un effort qui engage les exciseuses et les gardiens des MGF dans leurs familles et leurs communautés pour améliorer leur compréhension des implications négatives de cette pratique, influençant ainsi l’abandon volontaire. »

Depuis le début du programme, plus de 1 000 exciseurs en Gambie ont mis fin à la pratique des MGF et ont lancé une action communautaire pour mettre fin complètement aux MGF en Gambie. Le 2 octobre 2021, GAMCOTRAP a organisé sa sixième «chute du couteau» cérémonie pour 27 exciseurs de 25 communautés à travers la Gambie.

Le pouvoir de l’éducation

L’interdiction des MGF a donné des résultats positifs, comme en témoigne le rapport 2019-2020. Enquête démographique et sanitaire en Gambie. L’enquête a révélé une baisse de la conviction selon laquelle les MGF devraient se poursuivre, passant de 65 % en 2013 à 46 % en 2019-20. Cette diminution était particulièrement significative chez les femmes ayant subi une MGF. Ces données soulignent l’importance des interdictions nationales et des initiatives éducatives dans la prévention des MGF.

En naviguant dans ce paysage complexe, la Gambie est confrontée à des décisions profondes à l’intersection de la tradition, des droits de l’homme et du progrès, l’influence de l’éducation émergeant comme une force puissante pour remodeler les perceptions et favoriser le changement sociétal.

– Bella Oliver-Steinberg

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