Pauvreté des personnes âgées au Togo : le combat pour la dignité et le soutien

Pauvreté des personnes âgées au TogoPauvreté des personnes âgées au TogoLa pauvreté des personnes âgées au Togo est un problème grave et souvent négligé. Les débats publics se concentrent généralement sur l’emploi des jeunes ou sur la santé en général, laissant de côté de nombreux citoyens plus âgés, en particulier ceux qui travaillaient dans le secteur informel sans bénéficier de prestations de retraite. Cet article examine les facteurs institutionnels et sociaux à l'origine de la pauvreté des personnes âgées au Togo et montre comment les réformes et les efforts locaux peuvent contribuer à restaurer la dignité et le soutien de ce groupe vulnérable.

Les facteurs structurels de l’exclusion

La principale raison pour laquelle de nombreuses personnes âgées sont pauvres est que le système formel de sécurité sociale les exclut. Plus de 86% des travailleurs togolais travaillent dans le secteur informel et n'ont pas accès au système de retraite de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS). En conséquence, seulement 20 % environ des personnes âgées bénéficient d’une pension formelle. Cela signifie que près de quatre personnes âgées sur cinq ne disposent pas d’un revenu sûr à la retraite. Le problème est encore pire dans les zones rurales, où près de 59 % de la population vit dans la pauvreté.

Crise des soins de santé : une lacune universelle

La crise des revenus est aggravée par des problèmes majeurs dans le domaine des soins de santé. Plus de 91 % des personnes âgées ne disposent pas d’une assurance maladie fiable. Ce manque d’assurance affecte considérablement leur bien-être général, contribuant ainsi à une pauvreté multidimensionnelle. L’insécurité sanitaire se conjugue aux disparités de revenus pour limiter leur accès aux services essentiels et affaiblir leur voix et leur capacité d’action sociale. Lorsque des urgences médicales surviennent, les familles doivent souvent consacrer leurs économies limitées aux soins, ce qui entretient le cycle de la pauvreté d’une génération à l’autre. Si l’on ne s’attaque pas à ces questions interdépendantes, se concentrer uniquement sur le soutien du revenu laissera les efforts de développement humain incomplets.

Des recherches menées à Lomé montrent que plus de la moitié des personnes âgées vivant dans la communauté se déclarent en mauvaise santé et nombre d’entre elles souffrent de maladies chroniques. Étant donné que très peu de personnes disposent d’une assurance, il est urgent de modifier les politiques afin de réduire les souffrances et les difficultés financières.

Action gouvernementale et impasse politique

Le gouvernement togolais reconnaît l'importance de la couverture universelle et a commencé à étendre les filets de sécurité sociale. Pendant la pandémie de COVID-19, le programme Novissi a utilisé l’argent mobile pour envoyer des transferts d’argent ciblés aux personnes dans le besoin. Cela a montré que le pays peut fournir un soutien large et efficace, donnant ainsi l’exemple pour les programmes futurs.

Les militants locaux font pression sur le gouvernement pour qu'il transforme ce modèle réussi en un programme de transferts monétaires permanent et inconditionnel ciblant les personnes extrêmement pauvres et vulnérables. Le gouvernement s’efforce également de créer un registre social unifié et de fournir une identification biométrique à tous les citoyens, étapes indispensables pour une politique de transferts monétaires précise et élargie.

Cependant, les progrès vers une couverture universelle sont bloqués car aucune décision n’a encore été prise sur la manière de financer l’Assurance Maladie Universelle (AMU) pour les personnes les plus vulnérables. Les décideurs politiques doivent choisir s’ils financent cette assurance par les impôts, les cotisations des travailleurs ou les deux. Ce choix décidera si les plus pauvres resteront exclus.

Résilience communautaire : filets de sécurité locaux

Puisqu’il n’existe pas de filet de sécurité complet, les groupes dirigés par les communautés jouent un rôle clé en fournissant un soutien financier et social. Les coopératives d’épargne et de crédit traditionnelles, appelées tontines ou associations villageoises d’épargne et de crédit (VSLA), constituent un important filet de sécurité local. Au Togo, ces coopératives constituent l'essentiel du secteur de la microfinance, desservant 80 % des clients, soit environ 212 000 personnes, et donnant accès au crédit et à l'épargne sans exiger de garantie. Par exemple, dans le village de Tomé, des AVEC comptant environ 25 membres aident les gens à épargner ensemble et à contracter des emprunts. Cela leur permet d'investir dans leurs fermes ou de payer pour des besoins urgents, comme les urgences.

Les organisations non gouvernementales (ONG) aident également les personnes vulnérables à améliorer leur agriculture. Un projet a soutenu les personnes handicapées et les petits agriculteurs en forant des puits supplémentaires pour l'eau et en démarrant de nouvelles activités, comme l'apiculture. Cela a aidé environ 22 000 personnes au Togo à bâtir un avenir meilleur.

Regarder vers l'avenir

En fin de compte, résoudre la pauvreté des personnes âgées au Togo nécessite une double stratégie : institutionnaliser des transferts monétaires numériques réussis et garantir un financement dédié aux prestations sociales afin de protéger les 80 % de la population âgée exclue, tout en continuant à amplifier les efforts de résilience menés par les communautés. Garantir la dignité et le soutien des citoyens âgés n’est pas seulement un devoir moral ; il s'agit d'un investissement essentiel dans la stabilité future du pays.

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