La traite des êtres humains au Laos – Le projet Borgen

La traite des êtres humains au Laos
La traite des êtres humains au Laos, malgré sa gravité modérée par rapport à d’autres pays, reste néanmoins un moteur essentiel de l’exploitation sexuelle et du travail forcé. Le rapport 2021 sur la traite des personnes, publié par le Département d’État américain, classe le Laos dans la catégorie des pays de niveau 2. Le gouvernement du Laos ne respecte donc pas les normes minimales de la TVPA pour l’élimination de la traite, malgré les efforts déployés pour respecter ces normes.

Cibles de la traite

Les trafiquants livrent principalement des adolescentes et des femmes lao en Thaïlande et en Chine, mais parfois en Malaisie et au Vietnam, où ils contraignent ensuite les victimes à des relations sexuelles commerciales. Sinon, les femmes, sous la contrainte, effectuent des travaux domestiques, industriels et agricoles. En particulier, les trafiquants vendent fréquemment les femmes envoyées en Chine comme épouses. En revanche, les garçons et les hommes laotiens victimes de la traite entrent généralement dans les secteurs de la pêche, de la construction et de l’agriculture en Thaïlande. Les trafiquants attirent les victimes en leur promettant des opportunités d’emploi fiables dans les pays voisins.

Les victimes laotiennes de la traite des êtres humains sont le plus souvent des migrants cherchant du travail à l’étranger. Sinon, ce sont des étudiants pauvres désintéressés par la formation continue et préférant travailler pour apporter un revenu à leur famille, selon le Département d’État américain. Ces personnes entrent volontairement et légalement dans les pays de destination ou les trafiquants leur permettent. La gestion laxiste aux passages frontaliers résultant de la formation insuffisante des autorités de l’immigration au niveau des provinces et des districts permet en particulier l’entrée illégale. De plus, les trafiquants étrangers ont commencé à travailler avec des intermédiaires laotiens pour faciliter le transit des victimes à travers les frontières.

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, un grand nombre de travailleurs laotiens légaux et illégaux sont rentrés chez eux. Cela a créé un chômage endémique et augmenté considérablement la demande de travail. De telles conditions ont rendu les travailleurs laotiens frappés par la pauvreté extrêmement vulnérables à la traite, car ils optent pour un travail mal rémunéré et éthiquement gris au Laos. Par exemple, la fermeture de la frontière Laos-Thaïlande, associée à une volonté accrue de se livrer au commerce du sexe domestique, a entraîné une augmentation du trafic sexuel, a rapporté le Département d’État américain.

Législation existante

Le gouvernement du Laos punit sévèrement toute forme de trafic. Par exemple, l’article 215 du code pénal criminalise la traite, passible de cinq à 15 ans d’emprisonnement. L’amende est comprise entre 10 et 100 millions de kips lao (équivalent de 1 080 à 10 780 dollars), selon le département d’État américain. L’article stipule en outre que si le crime implique une victime mineure, l’amende passe à 500 millions de kips lao (équivalent à 53 880 dollars) au maximum.

Néanmoins, ces mesures s’avèrent insuffisantes pour enrayer résolument la traite. Plusieurs lacunes existent dans le système pénal actuel. D’une part, les forces de l’ordre sont souvent réticentes à étendre les peines sévères aux premiers contrevenants. De plus, il existe peu de protocole pour enquêter sur les auteurs potentiels, afin d’endiguer la traite de manière préventive. Le département anti-traite reste également la seule autorité capable d’identifier les victimes de la traite, selon le département d’État américain. Par conséquent, le gouvernement du Laos ne dispose pas d’un mécanisme complet et standardisé pour identifier et aider les victimes.

Législation future

Le gouvernement du Laos travaille en interne avec la Chambre nationale de commerce et d’industrie du Laos. Il travaille également en externe avec l’Organisation internationale du travail pour mettre en œuvre plusieurs changements, comme indiqué lors de la Conférence internationale du travail. Cela comprend l’augmentation du budget gouvernemental pour les efforts de lutte contre la traite et la normalisation de la formation des policiers et des juristes.

À cette fin, le gouvernement élabore également un programme formel pour les administrateurs des postes frontaliers, de sorte qu’ils identifient plus systématiquement les victimes. Le gouvernement cherche en outre à recueillir et à faire connaître les efforts du gouvernement en matière de lutte contre la traite afin d’améliorer la transparence et d’accroître la confiance du public.

Acteurs non étatiques

Sengsavang, opérant au Laos depuis 2006, est une ONG qui travaille en étroite collaboration avec le gouvernement lao pour réhabiliter les victimes laotiennes de la traite. L’organisation dispose d’un centre de réhabilitation en Thaïlande, à Savannakhet, haut lieu du trafic transfrontalier. Sengsavang fournit spécifiquement une éducation et une formation professionnelle, de sorte que les victimes puissent se réinsérer dans la société. À ce jour, l’organisation a évité à plus de 13 000 personnes d’être victimes de la traite. Il a également soutenu plus de 500 jeunes filles et femmes victimes de la traite.

En somme, la traite des êtres humains au Laos continue de favoriser et d’exacerber les violations des droits humains. Il y a tout de même un espoir de guérison. Des efforts cohérents et coordonnés entre le gouvernement lao et les ONG pour administrer des changements tangibles contribueraient grandement à réduire la traite des êtres humains au Laos.

– Emily Xin
Photo : Flickr

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