L’économie algérienne est fortement dépendante de ses ressources naturelles. L’exportation de gaz et de pétrole est une activité lucrative et, dans l’histoire récente, le pays a bénéficié de périodes de hausse des prix. Cependant, la volatilité des prix rend la stabilité macroéconomique difficile à atteindre.
En 2022, le conflit russo-ukrainien a fait grimper les prix des hydrocarbures, en raison d’une baisse de l’offre. De ce fait, les pays européens se tournent vers les pays d’Afrique du Nord dont l’Algérie pour répondre à leurs besoins énergétiques. Cependant, à l’heure actuelle, le secteur énergétique algérien n’est pas en mesure de répondre à cette demande.
Le besoin d’énergie renouvelable
Depuis la pandémie de COVID-19, de nombreux Algériens luttent contre la hausse de l’inflation et le manque d’opportunités économiques. Selon le FMI, « l’inflation et la volatilité des prix des hydrocarbures » sont des questions vitales qui nécessitent une attention, afin de garantir un environnement macroéconomique plus stable. Ces problèmes sont monnaie courante dans le monde et affectent les membres les plus vulnérables de la société. Le chômage est en hausse depuis la pandémie et selon des données récentes, le taux de pauvreté dans le pays est de 14,6 %. Il convient de noter qu’il existe une grande disparité dans la pauvreté en fonction de l’emplacement, les zones rurales étant « très défavorisées par rapport aux zones urbaines ».
Le potentiel des énergies renouvelables
Les perspectives d’énergie renouvelable en Algérie sont énormes car le pays est situé dans le désert du Sahara, bénéficiant d’un ensoleillement abondant toute l’année. La production potentielle d’énergie solaire est estimée à 14 TWh par an. Pour mettre cela en perspective, actuellement, le pays utilise environ 70,11 TWh par an pour répondre à ses besoins énergétiques. Si l’Algérie parvient à s’approvisionner davantage en énergie à partir d’énergies renouvelables, le budget de l’État pourrait être moins sensible à la volatilité des prix, créant ainsi une plus grande stabilité macroéconomique. Conformément à cette attente, le gouvernement a défini un plan visant à accroître l’accès aux énergies renouvelables en Algérie.
Plan d’Energies Renouvelables de l’Algérie
L’Algérie s’est fixé un objectif de 15 000 mégawatts d’énergie solaire d’ici 2035. Ceci dans l’espoir d’augmenter le pourcentage d’énergie dérivée du soleil, qui se situe actuellement à 3 %. En outre, les installations hors réseau doivent produire 1 000 mégawatts, ce qui devrait profiter aux communautés rurales, selon le Forum international de l’énergie (IEF). Parallèlement à l’augmentation des investissements nationaux, le pays envisage des investissements extérieurs pour renforcer ses initiatives. La nouvelle législature se concentre également sur l’établissement d’exigences pour les investisseurs étrangers, dans l’espoir de diversifier l’économie locale. Il convient de noter que Geneviève Verdier a dirigé une mission du FMI en Algérie et a noté que le nouveau cadre législatif « pourrait faciliter la transition vers une économie à faible émission de carbone ». Dans le cadre des nouvelles lois, les investisseurs étrangers devront utiliser des équipements fabriqués en Algérie. Le pays dispose d’usines de panneaux solaires et vise à augmenter sa puissance de fabrication, en rendant obligatoire l’utilisation d’approvisionnements algériens.
Applications rurales
Le plan algérien est prometteur, mais il faudra du temps pour produire des résultats à grande échelle car les communautés rurales utilisent sporadiquement l’énergie solaire. Dans une interview accordée à Euronews, un éleveur nomade local a présenté quelques panneaux solaires près de chez lui. L’agriculteur a parlé de l’impact positif de son kit d’énergie solaire, expliquant qu’il alimente ses lumières et lui permet de vivre une vie plus confortable. De même, dans la petite ville d’Aine Madhi, une école a récemment installé un chauffe-eau solaire.
Dans l’ensemble, une énergie renouvelable bon marché en Algérie pourrait apporter de grands changements dans les communautés rurales, tandis que des investissements à grande échelle assureraient la stabilité macroéconomique du pays, diversifieraient son économie et créeraient des opportunités d’emploi dans tout le pays.
– Matteo Pennart
Photo : Flickr
*
