Lutter contre la résistance aux antimicrobiens dans les pays à faible revenu

Résistance aux antimicrobiens
La résistance aux antimicrobiens (RAM) est responsable chaque année d’environ 252 833 décès d’enfants dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Les enfants vivant dans la région subsaharienne de l’Afrique sont 58 fois plus susceptibles de mourir de RAM que ceux des pays à revenu élevé, selon un article publié par le Center For Global Development en 2022.

En 2021, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé la RAM parmi les « 10 principales menaces mondiales pour la santé publique auxquelles l’humanité est confrontée ». La bonne nouvelle est que de nombreuses organisations mettent en œuvre des politiques visant à limiter le nombre de décès dus à la RAM dans les pays à faible revenu, et de nouvelles études sur la RAM montrent des résultats prometteurs.

La RAM expliquée

La RAM se développe lorsque les bactéries, parasites et virus évoluent au fil du temps et ne réagissent plus aux médicaments. Cela rend les infections plus difficiles à traiter et contribue à la propagation des maladies et à la mort. Deux exemples bien connus d’infections résistantes aux antimicrobiens sont la tuberculose et le SARM.

Les causes courantes de la RAM sont la surutilisation d’antibiotiques et le manque d’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Les régions à faible revenu ne disposent pas de l’économie ou des infrastructures nécessaires pour fournir des services d’eau et d’assainissement adéquats. En conséquence, les personnes vivant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire sont 1,5 fois plus susceptibles de mourir de RAM que celles vivant dans les régions à revenu élevé.

L’impact potentiel des vaccinations

Début juillet 2023, BMJ Global Health a publié une nouvelle étude soulignant l’importance de la vaccination dans la lutte contre la propagation des infections résistantes aux antimicrobiens. Selon l’étude, des vaccins ciblant 15 agents pathogènes pourraient sauver chaque année plus d’un demi-million de vies en Afrique et en Asie du Sud-Est des décès évitables par la RAM. Les vaccins pourraient également prévenir environ « 28 millions d’années de vie ajustées sur l’incapacité » résultant d’une infection liée à la RAM.

Bien que cette étude soit relativement récente, d’importants progrès ont été réalisés depuis sa publication dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens dans les pays à faible revenu.

Un nouveau rapport amélioré

En septembre 2023, un groupe de chercheurs du Center for Global Development a publié un rapport de 68 pages intitulé « Une nouvelle grande affaire pour améliorer le marché des antimicrobiens pour la santé humaine ». Le rapport décrit les problèmes actuels du marché des antimicrobiens et formule des recommandations politiques et opérationnelles. Il exhorte également les parties prenantes à soutenir ces recommandations lors de la future réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la RAM en 2024.

La volonté politique de lutter contre la RAM, en particulier dans les pays à faible revenu, s’est accrue au fil des années. Des engagements de haut niveau ont été pris lors de l’Assemblée mondiale de la santé de 2015 et de l’Assemblée générale des Nations Unies de 2016. Environ 38 pays élaborent actuellement des plans d’action nationaux pour lutter contre la RAM dans leur pays, et 170 pays ont déjà finalisé leur plan d’action national.

La République-Unie de Tanzanie est en train de mettre en œuvre un deuxième plan d’action national quinquennal de 2023 à 2028 pour cibler les décès dus à la RAM. Le document de 140 pages couvre en détail la question de la résistance aux antimicrobiens dans le pays, avec six objectifs stratégiques principaux. Ces objectifs comprennent « la sensibilisation et la communication sur les risques », ainsi que la « recherche et développement », qui comprend des plans tels que l’établissement de cadres de diffusion et de partage des résultats de la recherche sur la RAM.

La Tanzanie n’est que l’un des 169 autres pays qui ont élaboré des plans d’action nationaux pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens.

En 2019, la RAM a directement contribué à 1,27 million de décès et est liée à 3,7 millions de décès supplémentaires chaque année. Grâce à des recherches plus approfondies et à l’élaboration de plans d’action, il est possible de lutter contre la RAM et de créer une vie plus sûre pour les communautés des régions à revenus faibles et intermédiaires.

– Naaima Abd-Elhameed

*