Les régions du sud-est de la Turquie sont confrontées à des défis importants en tant que partie la plus pauvre du pays, aux prises avec le sous-développement et les tensions ethniques. Les développements récents laissent cependant espérer un avenir revitalisé dans cette région historiquement riche. Le gouvernement prévoit investir 14 milliards de dollars dans la région, une mesure visant à réduire la pauvreté et à créer des opportunités économiques. Couplé à la normalisation des relations avec la Syrie post-Assad et les groupes kurdes, cela pourrait transformer la région et stimuler la croissance. Cet investissement se concentre sur le développement des infrastructures agricoles pour soutenir l’économie régionale. Les autorités s'attendent à ce que cette initiative crée plus de 500 000 emplois, offrant ainsi un coup de pouce indispensable aux moyens de subsistance locaux.
La pauvreté dans le sud-est de la Turquie et le projet GAP
Le sud-est de l'Anatolie se classe parmi les régions de Turquie où le revenu moyen est le plus faible. Malgré le nombre limité de recherches sur la pauvreté dans la région, les études existantes indiquent que les conditions ne se sont guère améliorées depuis le début des années 2000. L'investissement de 14 milliards de dollars vise à financer partiellement le projet du sud-est de l'Anatolie (GAP) dans l'espoir qu'il puisse poursuivre la construction des infrastructures nécessaires.
Le projet GAP a été lancé dans les années 70 en tant que projet d'investissement à l'échelle régionale visant à fournir les infrastructures énergétiques et hydrauliques nécessaires pour soutenir un boom économique. Cependant, tout au long de son histoire, le projet continue de faiblir dans ses objectifs de revitalisation. Grâce au soutien renouvelé du gouvernement, la région a désormais une chance d’attirer davantage d’investissements et de stimuler le développement durable.
Aperçus de Mardin
La ville de Mardin illustre bon nombre des défis auxquels est confronté le sud-est de la Turquie. Cette ville antique, qui remonte à la période néo-assyrienne, met en lumière la riche histoire de la région et ses luttes socio-économiques. Mardin souffre de l'un des taux de risque de pauvreté relatifs les plus élevés du pays, soit 14,4 %.
En 2021, le Dr Nurdan Atalay a mené des recherches ethnographiques à Mardin, révélant comment la financiarisation et les stratégies d'investissement descendantes exacerbent les inégalités économiques et limitent les opportunités d'emploi pour les femmes. Dans le chapitre de son livre, elle a noté : « … les femmes de ce quartier ont des possibilités très limitées de changer leur position dans la société… La crise économique imminente pourrait aggraver leur situation. »
Mardin accueille également une importante population de réfugiés qui ont fui la guerre civile syrienne et les tremblements de terre de 2023. Plus de 88 000 réfugiés syriens vivent dans la ville, confrontés au traumatisme du déplacement et à la pression exercée sur les ressources locales. Des rapports détaillent le fardeau économique auquel les villes frontalières ont été confrontées pendant le conflit syrien. Avec la fin du régime d'Assad, de nombreux réfugiés envisagent désormais un avenir plein d'espoir et la possibilité de rentrer chez eux.
Le potentiel du tourisme
Les progrès politiques voisins ne sont pas la seule raison d’être optimiste dans le sud-est de la Turquie. L'industrie du tourisme recèle un immense potentiel pour réduire la pauvreté dans la région. Cette région, riche en monuments historiques et en beauté naturelle, est prête à connaître une croissance économique si elle est soutenue par les infrastructures et les investissements.
La loi de 1982 sur les incitations au tourisme excluait le sud-est de la Turquie, privant ainsi la région du développement nécessaire à un secteur touristique florissant. Malgré cela, des villes comme Mardin cherchent activement à développer leur potentiel touristique. Les recherches indiquent que les habitants de Mardin soutiennent la croissance du tourisme, qui promet de bénéficier aux communautés urbaines et rurales.
En 2023, Mardin a accueilli près de 650 000 touristes, reflétant le rôle croissant de l'industrie dans l'économie locale. En favorisant le tourisme, le sud-est de la Turquie peut ouvrir de nouvelles opportunités de développement durable et de préservation culturelle.
Un nouveau chapitre pour le sud-est de la Turquie
Avec l'investissement de 14 milliards de dollars du gouvernement et la perspective de paix en Syrie, la pauvreté dans le sud-est de la Turquie se trouve à un tournant. Le manque d'infrastructures de la région a longtemps créé un cycle de pauvreté et de sous-développement. Ce nouveau financement et cette nouvelle orientation stratégique pourraient briser ce cycle, ouvrant la voie à des progrès et à une prospérité significatifs.
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