Entre 2010 et 2021, le taux de pauvreté en Arabie saoudite est passé de 18,2 % à 13,6 %, sortant 483 000 Saoudiens de la pauvreté. Cependant, des défis importants subsistent, notamment le chômage systémique et le manque de logements abordables. Avec un PIB nominal de 1 070 milliards de dollars, le pays possède la plus grande économie du Moyen-Orient. Malgré cette puissance économique, le royaume a également le taux de pauvreté le plus élevé parmi les États du Golfe, avec un ressortissant saoudien sur sept vivant dans la pauvreté.
La pauvreté cachée aux yeux
L'Arabie saoudite ne divulgue pas officiellement de statistiques sur la pauvreté et ne définit pas de seuil de pauvreté. Le royaume se présente comme un nation hautement développée et civiliséeavec des villes étincelantes comme Riyad et des complexes hôteliers de luxe le long de la mer Rouge, stimulant son industrie touristique. Pourtant, les quartiers pauvres et les bidonvilles existent, même si leur emplacement les rend souvent invisibles aux visiteurs. Les configurations urbaines séparent délibérément les quartiers populaires des autoroutes et des centres-villes, poussant les citoyens à faible revenu vers les marges de la société. Jusqu’en 2002, les responsables saoudiens niaient totalement l’existence de la pauvreté et les médias officiels ignoraient la question jusqu’à ce que le prince héritier Abdullah bin Abdulaziz se rende dans un bidonville de Riyad, mettant le problème en lumière.
Vision 2030
L'Arabie saoudite tire l'essentiel de sa richesse du secteur pétrolier. Vision 2030 est un plan visant à réduire la dépendance du pays au pétrole en diversifiant les industries, en développant le secteur privé et en réduisant le secteur public. La pierre angulaire de cette initiative est la privatisation partielle d’Aramco, le géant pétrolier public. Cependant, le plan prévoit également la privatisation des services publics, tels que les hôpitaux et les écoles. Un défi important pour les citoyens saoudiens dans le cadre de Vision 2030 est la réduction proposée de l'emploi dans l'État.
Actuellement, les deux tiers des Saoudiens travaillent dans la fonction publique, mais le plan vise à ramener ce chiffre à 20 % de la population. Les dépenses sociales, qui comprennent la gratuité de l’éducation et des soins de santé, ont également été réduites. Le gouvernement finance une grande partie de ses dépenses sociales par le biais de la Zakat, un principe islamique exigeant que les individus donnent 2,5 % de leur richesse à des œuvres caritatives. Le gouvernement collecte et distribue ces fonds. Dans le cadre de la Vision 2030, le gouvernement réduit les subventions aux services essentiels comme le carburant, l'électricité et l'eau. Ces réductions affectent de manière disproportionnée les citoyens les plus pauvres, créant des défis supplémentaires pour ceux qui sont déjà en difficulté financière.
Femmes et travailleurs migrants : les plus vulnérables
Selon la loi islamique, les hommes sont traditionnellement responsables du soutien financier des femmes et des enfants. En conséquence, les femmes sans mari ni parent de sexe masculin vivant sont souvent confrontées à d’importantes difficultés socio-économiques. Les ménages dirigés par des femmes représentent une grande proportion des familles les plus pauvres d'Arabie saoudite. Bien que les femmes soient autorisées à travailler de manière indépendante, de nombreux employeurs exigent le consentement écrit d'un tuteur masculin, ce qui limite la participation des femmes au marché du travail. Ce système de tutelle crée des obstacles à l'emploi, augmentant la vulnérabilité des femmes à la pauvreté et à l'augmentation du coût de la vie. Les travailleurs migrants, en particulier les femmes, comptent parmi les groupes les plus vulnérables de la société saoudienne. Ils subissent souvent de bas salaires, des difficultés financières et des pratiques d’exploitation telles que la retenue sur salaire et la confiscation de passeports, ce qui exacerbe leurs difficultés économiques.
Progrès et solutions
Selon l'Organisation des Nations Unies (ONU), la pauvreté en Arabie saoudite est devenue moins un sujet tabou depuis que le prince héritier s'est rendu dans un bidonville de Riyad en 2002. Suite à ce moment charnière, le pays a mis en œuvre la stratégie nationale de réduction de la pauvreté en 2005 et le soutien supplémentaire Programme en 2006, tous deux visant à aider les personnes dans le besoin. Les réformes politiques restent essentielles pour lutter efficacement contre la pauvreté. Les stratégies clés comprennent la promotion d’un système fiscal équitable, l’amélioration de l’efficacité des programmes de transfert de protection sociale et la révision des politiques de répartition des terres et de marchés publics. En outre, il est essentiel de donner la priorité aux investissements dans le développement des compétences des citoyens. Ces mesures peuvent contribuer à élargir l’accès aux opportunités socio-économiques, à favoriser une plus grande inclusion et à réduire la pauvreté dans tout le pays.
Regarder vers l'avenir
Les efforts visant à lutter contre la pauvreté en Arabie saoudite progressent, mais des défis systémiques tels que le chômage, le nombre limité de logements abordables et les disparités économiques persistent. Des réformes ciblées, notamment des systèmes de protection sociale améliorés et des investissements dans l’éducation et le développement des compétences, restent essentielles pour parvenir à une plus grande inclusion socio-économique. Alors que le royaume progresse dans sa Vision 2030, trouver un équilibre entre la diversification économique et des mesures de protection sociale équitables pourrait être essentiel pour réduire davantage la pauvreté.
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