Écologie, social, féminisme : en Guinée, les jeunes s’engagent !

Protection de l’environnement, soutien aux plus fragiles ou défense des droits des femmes : en Guinée Conakry, la société civile monte au créneau. Plusieurs initiatives ont fleuri ces dernières années dans le pays ; toutes différentes, mais toutes marquées du sceau de la solidarité et de l’engagement.

Quel est le point commun entre l’homme d’affaires Tidiane Koita, la jeune cadre Oumou Hawa Diallo et la militante Eugénie Finda Ouendeno ? Ces trois guinéens aux parcours variés sont tous à la tête d’associations ou d’ONG qui s’impliquent pour réparer les injustices et pallier les déséquilibres de la société.

Né dans les faubourgs de Conakry dans les années 1980, Tidiane Koita est devenu en quelques années un propriétaire de mines important et incontournable. Une réussite symbolisée par son élection à la présidence de l’Union Nationale des Orpailleurs Guinéens (UNOG) en 2020, véritable fédération professionnelle du secteur minier aurifère, si stratégique pour le pays.

Mais le « chercheur d’or » est aussi un bienfaiteur : depuis plusieurs années, sa « Fondation Tidiane Koita pour l’aide et le développement » distribue des milliers des tonnes de denrées alimentaires dans les villes et les villages les plus pauvres. Rien que le 17 avril dernier, ce sont 300 sacs de riz qui ont été offerts gracieusement aux habitants de la ville de Mandiana, dans l’est de la Guinée.

Une charité particulièrement importante lors du mois sacré de ramadan, où l’association de Tidiane Koita s’était aussi impliquée dans la distribution de vêtements et de couvertures afin que les croyants de toutes conditions puissent vivre dignement la rupture du jeûne à la tombée de la nuit… Et qui fait de l’entrepreneur guinéen l’une des figures emblématiques du secteur caritatif en Afrique.

Oumou Hawa Diallo et la forêt de Kakimbo

Oumou Hawa Diallo, elle, est une jeune de vingt-huit ans, chargée du développement numérique d’une entreprise dans l’écotourisme. Mais la Guinéenne est aussi une militante écologiste engagée, qui lutte pour la préservation de la forêt de Kakimbo à Conakry et pour la « conscientisation des Guinéens » aux enjeux environnementaux.

Cofondatrice de l’association Agir contre le réchauffement climatique (Acorec), elle combat pour la sauvegarde – voire la résurrection – de la forêt de Kakimbo. Car l’ancien poumon vert de la capitale a été nécrosé par l’urbanisation sauvage et massive de Conakry.

En effet, cet espace forestier, dans la commune de Ratoma au nord-est de Conakry, couvrait autrefois une superficie de 117 hectares, mais désormais seuls 15 hectares survivent encore. Une zone protégée, fragile et précieuse, caractérisée par des forêts, des arbres hauts et ses quatre grottes.

Aujourd’hui, Oumou Hawa Diallo et l’Acorec multiplient les missions d’informations pour ranimer cette forêt qui ne représente plus que 10 % de la surface qu’elle occupait encore il y a un demi-siècle. Et concrètement, l’association collabore avec des pépiniéristes et replante chaque année des milliers d’arbres et tente de reprendre du terrain face à la déforestation et l’urbanisation sauvage. Un combat courageux, mais pas désespéré : dans le journal Le Monde, la militante mise sur les jeunes générations et veut faire de chaque enfant « un ambassadeur du climat dans sa propre famille ».

Éduquer les plus jeunes, c’est aussi le mantra d’Eugénie Finda Ouendeno, présidente de l’ONG DYFEG (Dynamique des Femmes de Guinée). Une organisation lancée dans la commune de Matoto en février 2023 pour lutter contre les violences intrafamiliales. Violences conjugales, harcèlement, outrages sexistes, l’exploitation des enfants… Autant de drames qu’il faut combattre, en particulier avec l’éducation des plus jeunes, mais aussi en libérant la parole des victimes.

Un mouvement nécessaire, soutenu par la puissance publique et le gouvernement, né de l’expérience douloureuse d’Eugénie Finda Ouendeno : « En raison des difficultés qui surgissaient subitement dans mon foyer et qui ont conduit mon époux et moi au divorce sans que je n’y sois préparée, je me suis attelée à une réflexion sur les moyens de défense des femmes en difficultés conjugales. J’ai mesuré combien il est vraiment pénible pour les femmes qui n’ont pas de famille aisée et merveilleuse comme la mienne, ou encore moins qui n’ont pas étudié pour entreprendre ou trouver un travail leur permettant de se prendre en charge pour surmonter ce genre d’épreuves ou encore sans personne pour booster. » 

Accompagner les femmes, soutenir les victimes et éduquer les enfants : trois beaux objectifs pour améliorer les inégalités de genre en Guinée.