La promesse de l’élection du Chili

L'élection du ChiliAu cours du week-end du 15 au 16 mai 2021, une élection tout à fait unique a eu lieu au Chili. Les Chiliens ont voté pour les maires, les gouverneurs et les conseillers municipaux. La partie distinctive de l’élection du Chili a été le vote de 155 représentants qui composeront la Convention constitutionnelle chargée de rédiger la nouvelle constitution du Chili.

La nécessité d’une nouvelle constitution

En 1973, Augusto Pinochet est arrivé au pouvoir en tant que dictateur militaire autoritaire. Pinochet a rédigé une constitution qui reflétait son règne. Depuis lors, le Chili a fait la transition vers la démocratie à travers plusieurs administrations présidentielles, l’actuelle étant celle du président Sebastián Piñera. La constitution de Pinochet de 1980 a été un point de discorde car de nombreux Chiliens la perçoivent comme favorisant les entreprises par rapport aux citoyens.

De plus, la constitution ne mentionne même pas les peuples autochtones qui représentent plus de 1,5 million de Chiliens. Les Chiliens veulent généralement s’éloigner de l’ancienne constitution, qui symbolise le passage d’une période de transition à une pleine adhésion à la démocratie. Une nouvelle constitution permettrait que cela se produise. L’élection du Chili décide qui participera à la rédaction de ce document monumental.

Manifestations au Chili

La désapprobation du public a atteint son paroxysme en octobre 2019 lorsque des manifestations massives ont balayé le pays d’Amérique du Sud. Les grandes villes comme Santiago, Valparaiso et Concepción ont connu des émeutes, des pillages et plusieurs victimes. Une augmentation des tarifs du métro a initialement déclenché les manifestations. Les émeutes se sont poursuivies en raison des préoccupations d’inégalité économique extrême et de mauvais systèmes de santé publique et d’éducation. L’une des revendications des protestations était de réécrire la constitution. Une nouvelle constitution a été considérée comme une solution pour s’attaquer à la racine de tous les problèmes.

En octobre 2020, le gouvernement chilien a organisé un référendum en réponse aux manifestations. Le référendum a demandé aux Chiliens s’ils souhaitaient une nouvelle constitution, et si c’était le cas, les Chiliens devaient spécifier le type d’organe qu’ils seraient chargés de rédiger cette nouvelle constitution. Les Chiliens ont répondu avec une majorité de plus de 78% du pays votant en faveur d’une nouvelle constitution à rédiger par un groupe élu par le vote populaire.

La Convention constitutionnelle

La Convention constitutionnelle est la première au monde à imposer une exigence de parité hommes-femmes. En raison des élections, 50 % des sièges législatifs appartiendront à des femmes. Une autre étape importante est l’inclusion des peuples indigènes du Chili. Les représentants autochtones représenteront 17 des 155 sièges du congrès. Sept de ces sièges reviennent aux Mapuche, la plus grande communauté autochtone. Ces dernières années, la déforestation industrielle a anéanti une grande partie des terres mapuches, nuisant grandement à la communauté.

De plus, six des 155 représentants proviendront de la communauté LGBTQ+. Bien que la nation soit confrontée à de grands problèmes, les réalisations des élections chiliennes ne doivent pas être négligées. La diversité et la représentation intrinsèques devraient être un motif de célébration mondiale. La majorité des sièges sont allés à des candidats indépendants et de l’opposition. Cela va à l’encontre de la coalition de droite actuellement au pouvoir sous le président Piñera. Étant donné que les « candidats soutenus par le gouvernement » n’occupent désormais qu’environ un quart des sièges, ils se retrouvent dans l’incapacité d’adopter une législation ou de bloquer des changements radicaux.

Les objectifs d’une nouvelle constitution

L’un des principaux objectifs du virage à gauche est de lutter contre la pauvreté au Chili, mais pas au sens traditionnel du terme. En termes de PIB par habitant, le Chili est considéré comme le pays le plus riche d’Amérique du Sud, mais la richesse est répartie de manière très inégale. Les Chiliens souhaitent que les richesses du pays soient réparties équitablement, ce qui devrait se traduire par de meilleurs logements, une meilleure éducation et des soins de santé pour tous.

Que ce soit par le biais des droits autochtones, de services éducatifs équitables ou de la taxation des riches, la Convention constitutionnelle déterminera comment faire du Chili un endroit plus équitable. Une constitution bien structurée et démocratique a le potentiel d’apporter des changements durables dans le pays et de réduire l’extrême pauvreté, c’est pourquoi l’élection du Chili est un moment si important dans l’histoire du pays.

Lucy Gentry
Photo : Flickr

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