Le Rwanda est un pays fascinant en termes de droits des femmes. Même s'il s'agit de l'un des pays les plus pauvres au monde, il se classe au cinquième rang du Global Gender Gap Index, dépassant même les États-Unis. La principale raison en est le génocide qui a eu lieu dans le pays en 1994, qui a tué la majeure partie de la population masculine, obligeant les femmes à assumer la plupart des emplois disponibles. Aujourd’hui, les femmes constituent 86 % de la population active (contre seulement 56 % aux États-Unis). De plus, 61 % du Parlement rwandais et 50 % du cabinet présidentiel sont des femmes. Cependant, ce taux de participation élevé ne se traduit pas par une parité salariale : au Rwanda, les femmes gagnent environ 88 cents pour chaque dollar gagné par les hommes. En tant que tel, l’écart salarial entre hommes et femmes au Rwanda reste un défi important pour le pays, malgré ses politiques progressistes en matière d’égalité des sexes.
Principales causes de l’écart salarial
Plusieurs facteurs contribuent à l’écart salarial entre les hommes et les femmes au Rwanda, notamment la discrimination à l’embauche et les disparités en matière d’éducation entre les hommes et les femmes. Néanmoins, la principale raison est que les femmes assument de manière disproportionnée les tâches domestiques et de soins non rémunérées, ce qui limite leur disponibilité pour un travail rémunéré et leurs possibilités d’avancement professionnel. Au Rwanda, pour chaque heure qu’un homme consacre aux soins, une femme y consacre trois heures.
La lutte contre l’écart salarial entre les hommes et les femmes implique des approches multidimensionnelles, l’une des plus efficaces étant les programmes d’autonomisation économique. Ces initiatives visent à fournir aux femmes les compétences, les ressources et les opportunités nécessaires pour améliorer leur situation financière. Les programmes d’autonomisation économique au Rwanda se concentrent sur divers aspects tels que l’accès au financement, la formation à l’entrepreneuriat et la création d’environnements favorables pour que les femmes puissent concilier travail et responsabilités familiales.
L’une des initiatives notables est le partenariat d’ONU Femmes avec les districts locaux pour créer des centres de développement de la petite enfance (ECD). Ces centres offrent des services de garde d’enfants abordables, permettant aux femmes de s’engager dans des activités génératrices de revenus sans avoir à s’occuper de leurs enfants sans être rémunérées. Dans le district de Nyaruguru, la création de trois ECD a permis à plus de 200 femmes de participer au marché du travail, améliorant ainsi considérablement leur productivité et leurs revenus.
Histoires d'impact
L’efficacité de cette noble mesure pour réduire l’écart salarial entre les sexes au Rwanda est mieux illustrée par les expériences personnelles des femmes qui en bénéficient. Par exemple, Christine Mukamana a dû faire face au défi de concilier ses tâches agricoles avec les exigences de l’éducation de cinq enfants. Selon ONU Femmes, l’introduction d’un ECD dans sa communauté a permis à Christine d’inscrire ses plus jeunes enfants, leur garantissant ainsi des soins et une éducation appropriés pendant qu’elle se concentrait sur son travail. Ce soutien a considérablement augmenté sa productivité à la ferme, ce qui a entraîné une augmentation des revenus et une amélioration des conditions de vie de sa famille.
Un autre exemple est celui de Dative Mfitumukiza, une femme vivant avec un handicap physique à Musanze, au Rwanda. Malgré les nombreux défis posés par son état, Dative était déterminée à se lancer dans une entreprise pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses enfants. Elle a participé à un programme de formation d'ONU Femmes qui lui a fourni des compétences commerciales essentielles et un soutien financier. Grâce à ce programme, Dative a pu démarrer une entreprise de farine de manioc, qui génère désormais un revenu stable, rapporte ONU Femmes. Son histoire de réussite souligne l’importance des initiatives d’autonomisation économique inclusives qui répondent aux divers besoins des femmes, y compris celles handicapées.
Des efforts de collaboration pour un plus grand impact
Le succès de ces programmes dépend de la collaboration entre diverses parties prenantes, notamment les agences gouvernementales, les organisations non gouvernementales et les partenaires internationaux. Par exemple, le projet « Espaces publics ruraux sûrs », financé par des partenaires tels que la République de Corée, vise à créer des environnements sûrs permettant aux femmes d'exercer des activités économiques. De plus, selon ONU Femmes, les partenariats avec des organisations telles que le Rwanda Men's Resource Centre (RWAMREC) et Action Aid sont essentiels pour éliminer les obstacles culturels et sociaux qui freinent la participation économique des femmes.
Ces partenariats sont particulièrement essentiels pour remettre en question les normes sociales néfastes concernant les rôles de genre, une étape cruciale pour réduire l'écart salarial entre les sexes au Rwanda. Ces collaborations favorisent la formation et les campagnes de sensibilisation à l'égalité des sexes, encourageant les hommes à soutenir et à partager les responsabilités domestiques, permettant ainsi aux femmes contribuer plus efficacement à l’économie.
L’accès aux ressources financières est également un élément essentiel de l’autonomisation économique. Les programmes qui offrent aux femmes des microcrédits, des formations commerciales et des connaissances financières font une différence significative. Le partenariat entre ONU Femmes et ADEPE Rwanda, soutenu par l’Agence suisse pour le développement et la coopération, a permis d’aider plus de 2 500 femmes, y compris des groupes marginalisés tels que d’anciennes travailleuses du sexe et des mères adolescentes, rapporte ONU Femmes. Ces femmes ont reçu une formation en entrepreneuriat et en gestion financière, et environ 80 % d’entre elles ont démarré ou développé leur entreprise.
Un modèle pour l’égalité des sexes
Les programmes d’autonomisation économique jouent un rôle essentiel dans la réduction de l’écart salarial entre les hommes et les femmes au Rwanda et dans la promotion de l’égalité des sexes. En fournissant aux femmes les outils et les ressources nécessaires, ces initiatives leur permettent de devenir économiquement indépendantes et de contribuer de manière significative à leur communauté. Le succès de ces programmes démontre qu’avec le soutien et la collaboration appropriés, des progrès significatifs peuvent être réalisés non seulement pour atteindre la parité des sexes, mais aussi pour libérer tout le potentiel de la main-d’œuvre du pays, favorisant ainsi une croissance économique et un développement durables.
Grâce aux efforts du gouvernement, des entreprises et de la société civile pour investir en permanence dans de tels programmes, associés à des efforts visant à changer les attitudes de la société à l’égard des rôles de genre, le Rwanda peut continuer à servir de modèle pour l’égalité des sexes en Afrique et au-delà.
Clara est basée à Salvador, Bahia, Brésil et se concentre sur les affaires et la technologie pour le projet Borgen.
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