Les maisons troglodytes historiques, situées en Afrique du Nord, en Libye et en Tunisie, sont importantes pour l'identité culturelle et le patrimoine de la communauté amazighe. La ville de Matmata, en Tunisie, autrefois une plaque tournante touristique florissante, est désormais confrontée à un avenir incertain en raison de l'instabilité politique et des défis économiques. De même, la Libye, connue pour ses maisons souterraines à Shahat et l’ancienne ville de Leptis Magna, est confrontée à des questions sur la viabilité du tourisme en tant que source de revenus communautaires dans un contexte de troubles économiques et politiques actuels. Ces défis soulignent la situation précaire de la préservation et de la valorisation des sites culturels à des fins économiques dans les deux pays.
Maisons Troglodytes
Les maisons troglodytiques, extraordinaires résidences souterraines sculptées dans la roche, illustrent un mélange d'héritage culturel et d'adaptation environnementale. Le terme « troglodyte », du grec signifiant « habitant des cavernes », ne rend guère compte de la sophistication de ces structures. Historiquement, les Amazighs d’Afrique du Nord, notamment en Tunisie et en Libye, ont construit ces maisons pour résister aux dures conditions du désert. Idéalement adaptées au climat sec et fluctuant de la région, ces maisons restent fraîches pendant les étés intenses et chaudes pendant les hivers.
Comme celles de Libye, les maisons troglodytes de la région tunisienne de Matmata disposent de grandes cours centrales qui servent de terrains communs, améliorant la circulation de l'air et offrant un espace partagé aux familles. De même, des sites troglodytiques notables existent en Libye, notamment dans la ville de Gharyan. Ces maisons traditionnelles restent une partie vitale du patrimoine du peuple amazigh malgré le rythme rapide de la mondialisation. Cependant, à mesure que de plus en plus de personnes émigrent vers les zones urbaines, les habitations troglodytes en Tunisie et en Libye sont confrontées à des risques d'abandon et de dégradation.
Le tourisme : une bouée de sauvetage pour la région et ses habitants
Depuis des décennies, les maisons troglodytes en Libye et en Tunisie attirent des touristes désireux de découvrir le patrimoine et l’ingéniosité des anciennes communautés amazighes. Le tourisme a apporté un soutien crucial aux communautés locales, notamment aux artisans, aux guildes et aux propriétaires.
À Matmata, le tourisme est un fondement de l'économie locale, de nombreuses familles transformant leurs maisons en chambres d'hôtes et en musées. À l’inverse, le tourisme en Libye est traditionnellement limité. Néanmoins, cela a permis aux communautés des monts Nafusa de partager leur patrimoine avec le monde et leurs concitoyens libyens. Certaines structures de la région, vieilles de plus de 2 000 ans, ont été en grande partie abandonnées en raison de l'instabilité. Malgré la richesse des sites historiques de la Libye, notamment les ruines romaines et les monuments côtiers, le tourisme peine à prospérer dans le contexte de troubles politiques et économiques actuels.
Les défis et le déclin du tourisme
Ces dernières années, des facteurs ont contribué au déclin du tourisme dans ces régions :
- Instabilité politique et sécurité. Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est confrontée à d’importants revers économiques et à un conflit persistant, entraînant une instabilité, des guerres entre milices et l’absence d’un gouvernement centralisé. Ce conflit prolongé a laissé négligés de nombreux sites culturels importants de la Libye et a dissuadé le tourisme local et international. Pendant ce temps, en Tunisie, malgré l’amélioration de la sécurité nationale, les attaques terroristes visant les touristes en 2015 ont considérablement réduit le nombre de visiteurs internationaux. Ce déclin du tourisme, affectant particulièrement les habitations souterraines de la Tunisie, a eu un impact significatif sur les communautés locales qui dépendaient autrefois du tourisme comme source vitale de revenus.
- Facteurs économiques mondiaux. L’économie mondiale, en particulier les incertitudes et les conséquences de la pandémie de COVID-19, a eu un impact significatif sur le tourisme dans la région en perturbant les voyages internationaux et nationaux. Les zones reculées comme Matmata, dont la survie économique dépendait fortement du tourisme, ont ressenti cet impact avec acuité. Par conséquent, les communautés locales de Matmata connaissent de graves difficultés financières. De nombreux habitants qui dépendaient autrefois des revenus du tourisme, vendant des produits artisanaux et proposant des visites guidées, luttent désormais pour subvenir à leurs besoins.
Efforts des organisations internationales
Des organisations internationales telles que l'UNESCO et diverses ONG concentrent leurs efforts sur la sensibilisation et la fourniture de fonds pour la préservation du patrimoine culturel. Bien que l'UNESCO n'ait pas désigné les maisons troglodytes en Libye comme sites du patrimoine mondial, elle protège d'autres sites libyens comme Leptis Magna et la vieille ville de Ghadamès. En Tunisie, les communautés locales ont tenté de préserver les maisons troglodytes en les transformant en maisons d'hôtes, même si ces efforts en cours échouent souvent faute de financement suffisant. Pendant ce temps, le gouvernement tunisien promeut activement le tourisme dans des régions comme Matmata à travers des campagnes menées par le gouvernement.
Regarder vers l'avenir
Les maisons troglodytes de Libye et de Tunisie, trésors architecturaux, risquent d'être négligées et oubliées. Le tourisme étant affecté par des défis politiques, économiques et mondiaux, il est de plus en plus urgent de déployer des efforts de préservation internationaux et locaux soutenus.
Gufran est basé à Londres, au Royaume-Uni et se concentre sur la politique pour le projet Borgen.
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