Période de pauvreté en France | Le projet Borgen

Période de pauvreté en FranceLa honte des menstruations et la pauvreté des règles sont devenues des sujets d'actualité en France ces dernières années. Les tampons mensuels, les serviettes hygiéniques et les analgésiques menstruels peuvent représenter un lourd fardeau financier pour une femme pauvre. Selon Règles élémentaires, une association caritative de premier plan de lutte contre la pauvreté menstruelle en France, une femme doit dépenser environ 10 000 à 20 000 € en produits menstruels au cours de sa vie.

Plusieurs campagnes ont eu lieu au début des années 2010 pour faire appel à des produits sanitaires plus abordables, principalement en appelant à l'abaissement de la taxe sur les tampons. À l'époque, les tampons étaient taxés comme article de luxe, à 20%. En 2016, la France est devenue le premier pays d'Europe à réduire la taxe sur les tampons à 5,5%. Cela a aligné les produits menstruels sur d'autres produits de première nécessité tels que le shampooing ou le papier toilette.

Le Code du travail en France stipule qu'un employeur doit «donner aux travailleurs les moyens d'assurer leur propreté individuelle». Pourtant, selon l'Institut français de l'opinion publique (IFOP), il y a encore 1,7 million de Françaises souffrant de pauvreté périodique en 2019.

Organisations féministes

Règles élémentaires collecte depuis 2015 des produits d'hygiène pour les femmes démunies dans le besoin. C'est la première association française qui lutte contre la pauvreté des règles ainsi que le tabou menstruel. Le succès de cette association a rapidement inspiré de nombreuses autres initiatives en France pour lutter contre la pauvreté d'époque. Par exemple, une épicerie de l'Université Paris-Diderot propose des produits sanitaires à seulement 10% du prix de vente aux étudiants en difficulté économique.

La mutuelle des étudiants (LMDE) a commencé à inclure le remboursement de la protection sanitaire jusqu'à 20-25 € par an. Une association caritative pour la santé des femmes, ADSF, distribue des kits sanitaires aux femmes dans le besoin. Cela cible particulièrement les refuges pour sans-abri où les femmes sont souvent trop réticentes à les demander. «Nous savons maintenant que les serviettes hygiéniques doivent être incluses dans les kits distribués dans les refuges – et pas seulement les rasoirs, comme c'était le cas lorsque les gens associaient l'itinérance aux hommes uniquement», explique le groupe.

Politiques gouvernementales

Les organisations féministes et leurs activités ont progressivement attiré l’attention du gouvernement sur la pauvreté d’époque. Deux membres de l’Assemblée nationale française ont rédigé un rapport de 107 pages sur la manière de lever les tabous menstruels et de réduire la pauvreté pendant les règles. Après le rapport, la ministre de l'Égalité des genres Marlène Schiappa et sa collègue Christelle Dubos ont annoncé début 2020 que le gouvernement français procéderait à un essai d'un an de distribution gratuite de produits d'hygiène pour les femmes dans les écoles, les hôpitaux, les refuges et les prisons. Le budget sera de 1 million d'euros. L'initiative démarrera en Île-de-France dès fin octobre 2020. Dans la première phase de l'expérimentation, la région a choisi 31 lycées en fonction de leur pourcentage global d'étudiantes et de boursières. Le gouvernement régional fournira gratuitement à ces écoles sélectionnées des produits sanitaires et des distributeurs biologiques.

Les militants menstruels français plaident toujours pour que la sécurité sociale couvre tous les produits menstruels, comme elle le fait pour les préservatifs. Ils ont également mis au point un plan de bons et de cartes prépayées pour les femmes dans le besoin de faire leurs propres choix intimes, plutôt que le gouvernement décide quel produit elles devraient recevoir. Alors que de grands progrès ont été accomplis pour alléger le fardeau financier et la stigmatisation sociale en ce qui concerne les règles, il reste encore beaucoup à faire pour réduire davantage la pauvreté d'époque en France.

Jingyan Zhang

*