Réduction de la pauvreté en Guinée-Bissau grâce à la pêche

Pêche en Guinée-BissauPêche en Guinée-BissauLa pêche est une industrie souvent négligée en tant qu'outil de réduction de la pauvreté. En Guinée-Bissau, pays doté d'une zone économique exclusive de 106 000 km² qui représente une extrême richesse en biodiversité marine, l'industrie de la pêche emploie plus de 225 000 personnes et contribue à 6 % du PIB. Plus de 50 % de la population vit dans la pauvreté, la majeure partie de la population pauvre étant située dans les zones rurales et côtières.

Avec une économie dominée par un seul produit d’exportation – la noix de cajou – peu d’attention a été accordée à l’industrie de la pêche en tant qu’outil de réduction de la pauvreté en Guinée-Bissau. Cependant, grâce à plusieurs initiatives récentes, la pêche artisanale et de subsistance reçoit des investissements, fournissant ainsi aux populations locales emploi et nutrition.

Importance des noix de cajou en Guinée-Bissau

La Guinée-Bissau est fortement dépendant de noix de cajou pour ses exportations, qui représentent 90 % des recettes d'exportation du pays. Cela laisse le pays extrêmement vulnérable aux chocs commerciaux, provoqués par la volatilité due à l'instabilité climatique et aux fluctuations des termes de l'échange du pays. De plus, 70 % des ménages dépendent des revenus issus de la production de noix de cajou, ce qui exacerbe les impacts de cette vulnérabilité.

C’est pourquoi une grande attention est accordée au renforcement du secteur de la noix de cajou dans les initiatives visant à réduire la pauvreté, négligeant souvent d’autres voies.

Importance de la pêche en Guinée-Bissau

La pêche est une industrie majeure en Guinée-Bissau. L'industrie emploie plus de 10 % de la population, génère 50 % des recettes non fiscales de l'État et fournit 35 % de l'apport en protéines animales des Guiné-Bissau. Une grande partie de ces revenus gouvernementaux provient des licences de pêche et des accords avec des flottes étrangères, principalement d'Europe, de Chine, de Corée du Sud et du Japon. Les bénéfices pour la population locale proviennent principalement de la pêche artisanale, pratiquée dans des pirogues appelées pirogues, et de la pêche de subsistance, pratiquée principalement par les femmes.

Initiatives récentes dans le secteur de la pêche

Afin d'exploiter les avantages potentiels du secteur de la pêche, récentes collaborations entre le Cadre intégré renforcé (CIR) et l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) se sont concentrés sur la modernisation de la pêche artisanale et la création d'emplois pour les femmes. Travaillant principalement avec des coopératives de femmes, cette collaboration a favorisé des partenariats public-privé pour construire et améliorer des installations de réfrigération, permettant ainsi d'améliorer les capacités de stockage et de commercialisation.

Grâce à un processus itératif impliquant les habitants de Cacheu, Canchungo et Buba, des solutions innovantes ont été trouvées, telles que la construction de pirogues traditionnelles dotées d'une isolation moderne. Pour soutenir les femmes et les jeunes et faire progresser l'ODD 5, l'initiative a construit deux installations de fabrication de glace à Cacheu et Canchungo. Ces installations bénéficient à plus de 300 pêcheurs, dont la plupart sont des femmes et des jeunes de Guinée-Bissau.

En 2024, l'Union européenne (UE) signé un renouvellement de son Accord de Partenariat pour la Pêche Durable avec la Guinée-Bissau. Pour la première fois, la contribution annuelle de 20 millions de dollars comprend 5,29 millions de dollars pour « promouvoir la gestion durable des pêcheries en Guinée-Bissau, les capacités de contrôle et de surveillance et le soutien aux communautés de pêcheurs locales ». Cela démontre que l’UE et le gouvernement bissau-guinéen reconnaissent le rôle de la pêche artisanale dans la réduction de la pauvreté. Il souligne également leur importance dans la réduction de l'insécurité alimentaire dans un pays où la malnutrition reste un problème persistant.

Pourquoi la pêche est importante pour la réduction de la pauvreté

Aujourd’hui, la pauvreté est considérée comme multidimensionnelle. La pauvreté multidimensionnelle ne se caractérise pas seulement par une absence de richesse ou de revenus ; c'est une mesure complexe qui implique la santé, la nutrition, l'accès à l'éducation et au logement. En se concentrant sur un secteur comme la pêche, la réduction de la pauvreté en Guinée-Bissau peut résoudre plusieurs problèmes à la fois, en fournissant des flux de revenus plus stables aux pêcheurs artisanaux et en assurant une subsistance directe aux familles dépendantes de la pêche de subsistance.

C’est également un moyen extrêmement bénéfique de diversifier l’économie bissau-guinéenne, en réduisant les risques de fluctuations des prix sur le marché de la noix de cajou.

Défis restants

Le problème de la surpêche constitue un défi majeur pour l'industrie de la pêche de Guinée-Bissau. Dans la zone économique exclusive de Guinée-Bissau, la pêche étrangère non réglementée constitue une menace existentielle potentielle pour les stocks de poisson du pays. Bien que l’accord avec l’UE présente certainement des aspects positifs, il convient de noter que la pêche industrielle offre très peu d’opportunités d’emploi aux Bissau-Guinéens, ignore souvent les lois environnementales locales et contourne les embargos sur la pêche en « changeant de pavillon ».

Si la pêche doit être une véritable voie vers la réduction de la pauvreté, il faut mettre davantage l’accent sur le soutien aux pêcheurs artisanaux et de subsistance tout en limitant les dommages causés par les flottes étrangères.

Notes finales

Investir dans la pêche artisanale peut transformer la vie des Guinéens-Bissau pauvres. Le soutien international d’organisations comme le CIR garantira que les pêcheurs artisanaux et de subsistance pourront rivaliser avec les flottes étrangères. La pêche artisanale pourrait devenir un modèle de développement durable et inclusif en Guinée-Bissau.

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