Aide humanitaire et pourparlers de paix au Soudan

Pourparlers de paix et aide humanitaire au SoudanLes pourparlers de paix visant à mettre fin à la guerre civile prolongée au Soudan se sont conclus sans cessez-le-feu, mais les négociateurs ont réalisé une avancée significative en sécurisant les itinéraires de l'aide humanitaire, offrant ainsi de l'espoir à des millions de civils qui en avaient désespérément besoin. Des médiateurs des États-Unis, d'Arabie Saoudite et de Suisse, ainsi que d'autres partenaires internationaux, se sont réunis à Genève pour discuter des moyens de soulager les souffrances causées par la guerre de 16 mois entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les paramilitaires de soutien rapide. Forces armées (RSF).

Les routes de l’aide ouvertes en pleine crise

Même si un cessez-le-feu reste incertain, les pourparlers de paix au Soudan ont réussi à ouvrir deux couloirs humanitaires majeurs : le poste frontière d'Adré avec le Tchad, facilitant l'aide au Darfour, et la route de Dabbah, reliant Port-Soudan aux régions connaissant de graves pénuries alimentaires. « Des camions humanitaires sont en route pour apporter des secours contre la famine dans le camp de Zamzam et dans d'autres régions du Darfour », ont indiqué les négociateurs. « Ces routes doivent rester ouvertes et sûres afin que nous puissions acheminer l’aide vers le Darfour et commencer à inverser la tendance contre la famine. » Le Programme alimentaire mondial (PAM) estime que plus de 25 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population soudanaise, ont un besoin urgent d'aide. Les routes nouvellement ouvertes devraient apporter une aide indispensable aux zones difficiles d’accès en raison du conflit.

Une nation en guerre

La guerre au Soudan, qui a débuté en avril 2023, découle d'une lutte de pouvoir entre les SAF, dirigées par le général Abdel Fattah al-Burhan, et les RSF, commandées par le général Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemedti. Ce conflit trouve ses racines dans l'héritage de l'ancien dictateur Omar al-Bashir, qui a créé les RSF comme force anti-insurrectionnelle pour réprimer les rébellions, en particulier au Darfour. Après l’éviction d’Al-Bashir en 2019, les efforts visant à établir un gouvernement démocratique ont échoué, conduisant finalement à de violents affrontements entre ces factions militaires rivales. Depuis le début du conflit, le bilan humanitaire a été dévastateur, les Nations Unies (ONU) estimant à près de 20 000 morts. Environ 8 millions de personnes ont été déplacées au Soudan, tandis que 2 millions supplémentaires ont fui vers les pays voisins, toutes confrontées à la faim et n’ayant pas accès aux soins médicaux.

Des progrès humanitaires malgré les revers

Les médiateurs internationaux considèrent l’accord sur l’accès à l’aide comme une avancée cruciale. Les RSF se sont engagées à assurer le passage en toute sécurité des convois humanitaires, auparavant entravé par les deux factions. La réouverture des routes d'Adré et de Dabbah devrait atténuer les souffrances des régions frappées par la famine. « La crise humanitaire au Soudan est si grave que nous pourrions en réaliser quatre [negotiation rounds] et cela ne fait qu’effleurer la surface de ce que mérite le peuple soudanais », a déclaré l’envoyé spécial américain Tom Perriello. Cependant, l'absence des Forces armées soudanaises (SAF) aux pourparlers de paix a limité la possibilité d'un accord de paix plus large. Le général Burhan, de Port-Soudan, a critiqué les négociations, affirmant qu'elles favorisaient les RSF.

L’aide comme bouée de sauvetage

Pour beaucoup au Soudan, les routes d’aide nouvellement ouvertes sont une bouée de sauvetage. Au Darfour, où les violences ethniques ont augmenté, la réouverture du passage d'Adré devrait aider des milliers de personnes déplacées par les combats. Hawa Zakariya, une réfugiée qui a fui au Tchad avec ses deux enfants, a décrit les conditions désastreuses : « Je ne sais pas si ma famille est vivante ou morte. Son enfant a contracté le paludisme et les réserves alimentaires dans leur camp s'amenuisent. Les organisations humanitaires internationales, dont le PAM, se préparent à intensifier leurs efforts avec les nouvelles voies d'accès. Le PAM a classé le Soudan comme une situation d'urgence de niveau 3, sa désignation la plus grave, reflétant l'ampleur de la crise. Les groupes humanitaires exhortent les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF) à permettre la livraison sans entrave des fournitures dans tout le pays.

Pression internationale

Même si les pourparlers de paix au Soudan n’ont pas réussi à obtenir un cessez-le-feu, on peut espérer que les progrès humanitaires réalisés pourraient conduire à des négociations plus larges. Perriello a noté : « Nous espérons que cela sera une source d’élan pour des avancées beaucoup plus importantes », tout en reconnaissant que le chemin vers la paix reste difficile. Actuellement, les efforts internationaux visent à garantir que l’aide parvienne à ceux qui en ont désespérément besoin. Compte tenu de la grave crise humanitaire au Soudan, l'une des pires du 21e siècle, une pression et un soutien internationaux soutenus sont cruciaux pour le redressement du pays.

Georgia est basée à Londres, au Royaume-Uni et se concentre sur la technologie et la politique pour le projet Borgen.

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