Haïti est aux prises avec une profonde instabilité sociale, économique et politique, ce qui en fait le pays le plus pauvre d’Amérique latine et des Caraïbes et l’un des plus pauvres du monde. En 2024, Haïti sera confronté à une nouvelle année de croissance économique négative, aggravée par des risques environnementaux et des crises politiques persistantes. Ces facteurs contribuent aux problèmes courants de handicap et de pauvreté, mettant en danger une partie importante de la population.
Population handicapée en Haïti
En 2010, Haïti a connu une augmentation significative du nombre de personnes handicapées à la suite d'un tremblement de terre qui a blessé près de 10 % des ménages. Le handicap, qui touche environ 4 % des Haïtiens âgés de 5 ans et plus, est défini comme une difficulté dans au moins deux domaines fonctionnels ou une difficulté ou une incapacité grave dans un domaine. Après le tremblement de terre, 16 % des ménages ont déclaré avoir un membre de la famille handicapé, ce qui a eu des répercussions considérables sur les capacités de travail des individus et sur la stabilité financière de la famille.
Outre les catastrophes naturelles, les handicaps en Haïti sont également dus à des anomalies congénitales et à des maladies non transmissibles. La Disability Data Initiative rapporte que 24,9 % des Haïtiens âgés de 15 ans et plus sont confrontés à des difficultés fonctionnelles, les problèmes de vision étant les plus courants. De plus, une enquête menée auprès de plus de 53 000 personnes a révélé que 43 % d’entre eux souffraient de handicaps moteurs.
L'impact du handicap sur la pauvreté
En Haïti, le handicap et la pauvreté limitent considérablement la mobilité sociale d’une partie importante de la population. La pauvreté en Haïti se manifeste souvent sous forme de pauvreté multidimensionnelle, qui englobe de multiples désavantages sociaux tels que des conditions de vie dangereuses et un faible niveau d’éducation.
Environ 86,2 % des Haïtiens souffrant de difficultés fonctionnelles importantes sont également pauvres sur le plan multidimensionnel. Comparées à la population générale, les personnes handicapées en Haïti sont confrontées à des conditions socioéconomiques plus difficiles et ont plus de difficultés à intégrer le marché du travail. Cela perpétue un cycle dans lequel les communautés pauvres et handicapées luttent pour atteindre la mobilité sociale, ce qui affecte les générations futures.
Selon l’Indice du capital humain 2020, les enfants haïtiens ne devraient atteindre que 45 % de leur productivité potentielle s’ils ont accès à une éducation et à des soins de santé stables. De plus, le taux d’alphabétisation de la communauté des personnes handicapées est inférieur à 30 %, soit près de 30 % de moins que la moyenne nationale.
Améliorer la communauté des personnes handicapées
Une initiative visant à lutter contre le handicap et la pauvreté en Haïti est la Promotion de l’inclusion des personnes handicapées dans les programmes sociaux et d’emploi. Ce programme vise à renforcer la présence des personnes handicapées dans la population active en les intégrant au registre social, en leur offrant une formation professionnelle et en menant des campagnes de sensibilisation sur le statut des personnes handicapées en Haïti et sur la manière de les soutenir.
La Banque mondiale a financé cette initiative avec une subvention de 2,29 millions de dollars et collabore avec Humanity and Inclusion, une organisation non gouvernementale qui aide les personnes handicapées. Ce partenariat se concentre sur la fourniture de formations et de méthodologies. Jusqu'à présent, 127 personnes handicapées ont suivi une formation dans divers domaines, ce qui leur a permis d'augmenter leurs revenus et d'explorer des opportunités telles que la création d'entreprises.
La Banque mondiale finance le programme de protection sociale adaptative pour une résilience accrue (ASPIRE), qui offre un filet de sécurité financière par l’intermédiaire du ministère des Affaires sociales et du Travail. Ce programme garantit que les ménages vulnérables reçoivent une aide financière et des soins de santé réguliers. ASPIRE vise à donner aux individus la possibilité de stabiliser leur vie et de chercher un emploi, atténuant ainsi les risques d’extrême pauvreté et de pénurie alimentaire.
En Haïti, les personnes handicapées sont souvent victimes de violences liées aux catastrophes naturelles et aux activités des gangs. Le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) soutient ces personnes en leur fournissant des béquilles, des fauteuils roulants, des kits de dignité et une assistance pour organiser leur travail, renforçant ainsi leur autonomie. Ces services aident les personnes handicapées à retourner au travail, à se protéger de la violence et à promouvoir leur indépendance économique.
Regarder vers l'avant
Alors qu'Haïti traverse une nouvelle année de déclin économique, aggravé par des risques environnementaux et des crises politiques, la communauté des personnes handicapées reste particulièrement vulnérable. Des efforts tels que le programme de promotion de l'inclusion des personnes handicapées dans les programmes sociaux et d'emploi et le programme ASPIRE sont essentiels pour fournir une formation professionnelle et un soutien financier. En outre, les initiatives du FNUAP visant à fournir des aides à la mobilité et des services essentiels sont essentielles pour permettre aux personnes handicapées d'atteindre l'indépendance économique et la protection contre la violence. Les efforts en cours visent à améliorer les conditions de vie et les perspectives de la population handicapée d'Haïti.
Astrid est basée à Roseland, NJ, États-Unis et se concentre sur la santé mondiale pour le projet Borgen.
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