Le leadership de l’Afrique dans le Traité sur la haute mer : assurer l’avenir alimentaire

TRAITÉ DE HAUTE MERTRAITÉ DE HAUTE MEREn septembre 2025, le Traité sur la haute mer, officiellement appelé Accord sur la biodiversité au-delà de la juridiction nationale (BBNJ), a atteint le seuil requis pour entrer en vigueur, une étape cruciale dans la protection des océans du monde et le renforcement du rôle de l'Afrique dans la gouvernance mondiale des océans.

Le traité introduit le premier cadre mondial juridiquement contraignant pour conserver la biodiversité marine dans les zones situées au-delà de la juridiction nationale. Bien que l'attention mondiale se concentre sur l'impact environnemental du traité, l'Afrique met en avant une dimension humaine qui garantit les moyens de subsistance, la nourriture et la survie de millions d'individus qui dépendent de la mer. Ce moment renforce également le rôle de l'Afrique dans la gouvernance mondiale des océans, montrant comment le continent aligne la gouvernance environnementale sur les objectifs de développement.

Les océans et la lutte de l'Afrique pour la sécurité alimentaire

Dans de nombreux pays africains, l’océan constitue l’épine dorsale de la survie quotidienne, nourrissant les familles et soutenant le commerce et l’emploi. Pour l'Afrique, la protection des océans est directement liée à la protection des emplois et des sources alimentaires. Un rapport de la Banque mondiale a souligné la contribution clé de la pêche à la disponibilité alimentaire à travers le continent : « Le secteur présente un filet de sécurité sociale essentiel… en moyenne, le poisson et les produits à base de poisson représentent 18 % de l'apport en protéines animales des consommateurs africains, et le secteur fournit de l'emploi à plus de 12 millions de personnes. » Greenpeace Afrique a noté que « plus de 200 millions d’Africains dépendent du poisson comme principale source de protéines ». Cependant, des années de pratiques de pêche non durables et de changement climatique ont considérablement réduit les populations de poissons et menacé la sécurité alimentaire dans toute l’Afrique.

Selon la Commission océanographique intergouvernementale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), le Traité sur la haute mer cherche à relever ces défis à travers un cadre mondial visant à conserver la vie marine, à régir les activités en haute mer et à garantir le partage équitable des ressources océaniques.

Pour les États côtiers d’Afrique qui dépendent fortement de la migration des espèces de poissons, une gouvernance plus forte en haute mer offre la possibilité d’améliorer la sécurité alimentaire et de maintenir l’emploi de millions de personnes.
Khan a déclaré que « les régimes à base de poisson et d’aliments aquatiques fournissent des protéines d’origine animale, des acides gras oméga-3 et des micronutriments, notamment des vitamines et des minéraux, nécessaires à la fois aux malades et aux personnes en bonne santé », renforçant ainsi l’importance des aliments aquatiques en tant que pierre angulaire de la nutrition en Afrique.

La diplomatie océanique de l'Afrique

Le rôle de l'Afrique dans la gouvernance mondiale des océans s'est considérablement élargi ces dernières années, le continent jouant un rôle central dans l'élaboration de la politique maritime internationale. Tout au long des négociations du Traité sur la haute mer, le groupe africain a plaidé en faveur de systèmes de partage des bénéfices plus équitables et d’un plus grand soutien technique aux pays en développement. Leur plaidoyer a contribué à obtenir des dispositions liant la conservation des océans à un accès plus équitable à l’utilisation durable de la vie océanique pour les États en développement. Le traité établit des outils pratiques pour sauvegarder les écosystèmes marins.

Diplomatie bleue

Pour l’Afrique, le Traité sur la haute mer marque un changement crucial dans sa participation aux cadres mondiaux de protection des océans et de coopération environnementale. L'ambassadeur Michael Kanu, principal négociateur de la Sierra Leone, a expliqué qu'en agissant collectivement, les pays africains ont veillé à ce que leurs intérêts soient intégrés dans le cadre qui détermine la manière dont le monde gère la haute mer. Naidoo a décrit cette diplomatie proactive comme démontrant « la capacité du continent à façonner les normes mondiales, plutôt que de simplement s'y adapter », reflétant une forme émergente de diplomatie bleue. En signant le traité, l'Afrique du Sud a renforcé le message selon lequel prendre soin des océans partagés est essentiel non seulement pour la santé de la planète mais aussi pour la prospérité future de l'Afrique.

Océans et survie

L'histoire du Sénégal met en évidence que la politique océanique en Afrique ne consiste pas seulement à conclure des accords mais aussi à protéger des vies. Le déclin des stocks de poissons locaux a contraint de nombreuses personnes à partir chercher du travail ailleurs. L'Environmental Justice Foundation a rapporté que plus de la moitié des pêcheries du Sénégal sont désormais épuisées, tandis que près de la moitié des bateaux autorisés à y pêcher appartiennent à des sociétés étrangères. En conséquence, les grands navires ont vidé les mers et détruit les habitats, réduisant ainsi les revenus des petits pêcheurs locaux.

La diminution de la disponibilité du poisson a poussé de nombreux travailleurs côtiers à migrer irrégulièrement vers les îles Canaries, un voyage connu pour son lourd bilan mortel.

Chaque année, les pays d'Afrique de l'Ouest perdent environ 9,4 milliards de dollars à cause des opérations de pêche illégales, qui représentent environ un tiers du total des poissons capturés dans les eaux ouest-africaines, selon le Centre Stimson. Mais les dégâts ne se limitent pas à l’argent : la pêche illégale porte atteinte à la gouvernance locale et détruit des emplois, menaçant des millions de personnes dans la région.

Une frontière humanitaire

À mesure que le Traité sur la haute mer entre en vigueur, les nations africaines deviennent des acteurs centraux dans la manière dont le monde gouverne les océans. Leur engagement va au-delà de la diplomatie et reflète une question de survie. Le rôle de l'Afrique dans la gouvernance mondiale des océans sera crucial pour définir la manière dont les ressources marines partagées sont protégées et gérées. Pour d’innombrables communautés africaines, cet effort ne vise pas seulement à sauvegarder l’environnement, mais aussi à maintenir l’océan comme source fiable de nourriture sur leurs tables.

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