La crise des réfugiés sahraouis, l'une des plus longues au monde après le déplacement des Palestiniens en 1948, continue de perdurer sans qu'une solution soit en vue. Depuis 1975, suite au retrait de l'Espagne du Sahara occidental et au conflit armé qui a suivi entre les forces marocaines et le Front Polisario, environ 173 600 réfugiés sahraouis ont vécu dans cinq camps près de Tindouf, en Algérie.
Situation actuelle
Les réfugiés sahraouis sont dispersés dans cinq camps dans l’impitoyable « hammada », une vaste plaine désertique isolée du Sahara. Le camp le plus éloigné se trouve à 170 kilomètres au sud-ouest de la ville algérienne de Tindouf, dans une région marquée par l’isolement et le manque d’opportunités économiques. Le climat rude, avec des températures pouvant atteindre 50 degrés Celsius en été, des tempêtes de sable fréquentes et des inondations occasionnelles, aggrave encore les difficultés auxquelles sont confrontés les réfugiés, comme l’accès limité aux produits de première nécessité et les risques sanitaires.
L’insécurité alimentaire est un problème grave : près de 90 % des « réfugiés sahraouis souffrent d’insécurité alimentaire ou sont vulnérables à l’insécurité alimentaire ». Une mission conjointe d’évaluation et une enquête nutritionnelle menées en 2022 par le Programme alimentaire mondial (PAM) révèlent une aggravation de la crise nutritionnelle. La prévalence de l’émaciation potentiellement mortelle Parmi les enfants âgés de 6 à 59 mois, la prévalence de la malnutrition est passée de 7,6 % en 2019 à 10,7 % en 2022. Plus de la moitié de ces enfants souffrent d’anémie, les deux tiers ne reçoivent pas l’alimentation diversifiée nécessaire à un développement sain et près d’un tiers souffrent de malnutrition chronique.
En outre, la forte dépendance des réfugiés à l'égard de l'aide humanitaire internationale, les conditions de vie difficiles et les pénuries alimentaires ont contraint de nombreux ménages à réduire leurs dépenses de santé ou à vendre leur bétail. L'insuffisance des infrastructures entrave gravement la fourniture de services essentiels tels que l'éducation et les soins de santé, ce qui entraîne des taux élevés de mortalité infantile et maternelle et nuit à la santé et au bien-être général de la population.
En outre, les possibilités d’emploi dans les camps sont minimes, laissant un tiers des réfugiés sahraouis sans aucun revenu et 60 % d’entre eux inactifs sur le plan économique. Le climat extrême et l’éloignement des camps ont réduit les sources traditionnelles de revenus comme l’agriculture et l’élevage. Cette situation est particulièrement préjudiciable aux jeunes qui, en raison de frustrations économiques, peuvent avoir recours à des activités à haut risque comme la contrebande et le vol.
Le plan de réponse aux réfugiés sahraouis
En réponse à la multitude de défis auxquels sont confrontés les réfugiés sahraouis, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a lancé en 2003 le programme interinstitutions Plan de réponse aux réfugiés sahraouis (SRRP). Cette initiative, qui nécessite un montant total de 214 millions de dollars, représente le premier effort unifié pour répondre aux besoins de la population réfugiée sahraouie. Le plan rassemble 28 partenaires, dont le Croissant-Rouge algérien et l’Université de Madrid, pour fournir une aide humanitaire coordonnée.
Le SRRP
Le plan SRRP définit plusieurs priorités clés, notamment la protection des réfugiés et l’assistance juridique, ainsi que la fourniture de services essentiels tels que la nourriture, le logement, les soins de santé et l’éducation. Le plan vise également à améliorer les conditions d’eau, d’assainissement et d’hygiène (EAH) dans les camps, qui sont essentielles compte tenu de l’environnement désertique difficile.
Outre ces besoins immédiats, le SRRP vise à soutenir les moyens de subsistance en fournissant des fournitures essentielles, des formations professionnelles et des activités génératrices de revenus. Il s’agit notamment de distribuer 1 500 cuisinières de haute qualité et 3 000 balles de vêtements d’occasion UNIQLO. Sur le plan des soins de santé, le plan s’attaque à la malnutrition répandue en fournissant des suppléments, notamment du fer et de l’acide folique, un déparasitage systématique et des soins ambulatoires pour les cas particulièrement graves.
L’éducation est un autre point central du SRRP, qui vise à améliorer la qualité de l’enseignement en formant les enseignants et le personnel éducatif. En abordant un large éventail de questions et en travaillant en étroite collaboration avec le gouvernement algérien, les organisations non gouvernementales (ONG) et d’autres agences des Nations Unies (ONU), le SRRP vise à apporter une réponse globale et efficace, répondant idéalement aux besoins immédiats et à long terme de la population réfugiée sahraouie.
Défis et perspectives d'avenir
Un point de presse de l’ONU de novembre 2023 confirme que, bien que le plan ait reçu un certain soutien des donateurs, les opérations restent sous-financées. L’ONU appelle activement à des contributions supplémentaires pour mettre en œuvre le plan et soutenir pleinement l’aide humanitaire aux réfugiés. Le succès des efforts de collecte de fonds n’est pas encore déterminé, mais le plan devrait être exécuté jusqu’en 2024 et 2025. D’ici la fin de cette période, il sera évident que ces initiatives ont fourni le soutien nécessaire pour améliorer les moyens de subsistance du peuple sahraoui et le rapprocher de la stabilité et de l’autonomie à long terme.
Asma est basée à Londres, au Royaume-Uni, et se concentre sur la politique pour le projet Borgen.
*