Après avoir renouvelé sa législation en novembre 2024, la Colombie est désormais l'un des 12 pays sur 33 d'Amérique latine et des Caraïbes à interdire le mariage des moins de 18 ans, à l'instar d'autres pays comme le Honduras, le Mexique et la République dominicaine. Les données montrent que 4,5 millions de filles et de femmes en Colombie se marient avant 18 ans, ce qui équivaut à environ un quart de la population. Sur ce chiffre, environ 1 million se sont mariés avant leur 15e anniversaire.
Cette loi est cruciale compte tenu des réactions négatives précédentes face aux tentatives de changement. Alors que les groupes de défense des droits font campagne depuis 17 ans pour mettre fin à la pratique du mariage des enfants en Colombie, les projets de loi ont été rejetés car de nombreux représentants de plus de 100 communautés autochtones du pays se sont opposés au projet de loi, rapporte The Guardian.
Les effets du mariage des enfants
En effet, cette loi a eu un impact néfaste sur les filles puisque les taux de mariage précoce chez les filles sont environ trois fois plus élevés que chez les garçons. Les enfants vivant dans la pauvreté et dans les communautés rurales ou autochtones sont ceux qui ont été particulièrement touchés, étant contraints d'abandonner l'école et susceptibles d'être exposés à la violence domestique, selon The Guardian. Par conséquent, le mariage des enfants en Colombie et dans le monde perpétue le cycle de la pauvreté en empêchant éventuellement ces enfants de rechercher une éducation qui pourrait leur permettre d’exercer une profession tertiaire ou quaternaire à l’avenir.
Ce qui est problématique, c’est que les mariages d’enfants ont souvent lieu entre des filles vivant dans la pauvreté et un partenaire plus âgé disposant d’un pouvoir économique. S'il est crucial de lutter contre le mariage des enfants pour réduire la pauvreté, il reste « plus courant dans les pays les plus pauvres du monde et dans les ménages les plus pauvres ». Les filles issues de familles pauvres ont deux fois plus de chances de se marier avant 18 ans que les filles issues de familles plus riches, et les filles qui se marient jeunes ont deux fois plus de chances de rester pauvres.
L'insécurité alimentaire et la malnutrition peuvent conduire au mariage des enfants, car les familles disposant de ressources alimentaires limitées peuvent tenter de marier leurs filles pour apaiser leurs problèmes alimentaires. En outre, le manque d’éducation peut également constituer un obstacle fondamental au bien-être des jeunes filles des communautés à faible revenu. Les filles sans éducation ont trois fois plus de chances de se marier à 18 ans que celles ayant fait des études secondaires ou supérieures.
Implications futures positives sur la pauvreté
L’approbation de la loi constitue un premier pas important vers un changement positif. Cela débouchera sur un programme national d’éducation qui donnera aux jeunes les outils dont ils ont besoin pour réfléchir à leur avenir. Par conséquent, même si la pauvreté exacerbe souvent le mariage des enfants, les programmes qui offrent aux familles des opportunités de génération de revenus ou un soutien financier ont le potentiel de s’attaquer aux racines des problèmes qui ont conduit au mariage des enfants dès le départ.
Nous espérons que ces initiatives et la nouvelle loi pourraient protéger les filles du mariage des enfants et faciliter des efforts plus larges visant à modifier les normes sociales. Toutefois, même si cela ouvre la voie à des améliorations, il reste encore un long chemin à parcourir. Par exemple, Plan International souligne l'importance de promouvoir l'égalité des droits pour les filles et les adolescentes en Colombie.
Dans l’ensemble, même si novembre 2024 marque le début d’un changement juridique concernant le mariage des enfants en Colombie, des efforts continus sont nécessaires pour modifier les normes sociales et détourner l’attention du mariage des enfants vers les systèmes éducatifs. Le mariage des enfants, un sous-produit du fardeau économique de la pauvreté, signifie qu’il faut redoubler d’efforts pour remédier aux racines du problème. En effet, investir dans les systèmes éducatifs et offrir des opportunités économiques aux communautés pauvres peuvent contribuer à résoudre ces problèmes.
Amani est basée à Durham, au Royaume-Uni et se concentre sur les bonnes nouvelles pour le projet Borgen.
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