Pauvreté et santé mentale à Djibouti

Santé mentale à DjiboutiÀ Djibouti, l’un des pays les plus petits mais géographiquement stratégiques de la Corne de l’Afrique, la relation entre santé mentale et pauvreté présente des défis majeurs pour les individus et les communautés. Ils sont interdépendants de telle manière que la privation économique accroît les problèmes de santé mentale, tandis qu’une mauvaise santé mentale les transforme en cycles de pauvreté. Compte tenu de cette dynamique, il est clair que ce défi nécessite des interventions qui abordent le problème avec des dimensions sociales et sanitaires substantielles.

Comprendre le lien

La pauvreté à Djibouti est omniprésente et une grande partie de la population vit en dessous du seuil de subsistance. L'économie reste instable, avec des établissements d'enseignement rares et des taux de chômage élevés. Dans de telles conditions, les individus et les familles doivent endurer de nombreux facteurs de stress émanant du manque d’accès aux besoins fondamentaux, de l’insécurité du logement et de l’insécurité alimentaire. Les facteurs de stress de cette nature affectent non seulement la santé physique mais aussi mentale.

Selon la Banque mondiale, « En utilisant le seuil de pauvreté des revenus moyens inférieurs, on constate qu'environ les deux cinquièmes de la population vivent avec moins de 3,20 dollars par jour. Alors que le rythme de la croissance économique ralentit en raison de la propagation du COVID-19, le rythme de réduction de la pauvreté est menacé. Les problèmes de santé mentale sont parmi les plus courants à Djibouti. Pourtant, ils sont à peine remarqués : la dépression, l’anxiété et les troubles liés aux traumatismes. Entre autres causes, cette maladie est sous-déclarée et sous-diagnostiquée en raison de la stigmatisation, des croyances culturelles et du manque de professionnels de la santé mentale.

En outre, le déficit de services de santé mentale accessibles et abordables alourdit le fardeau des personnes qui supportent déjà le fardeau de la pauvreté. Des organisations comme le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) ont montré l'exemple. Selon l’organisation, rien qu’en Afrique, « près de 37 millions d’adolescents (âgés de 10 à 19 ans) vivent avec un trouble mental ». À Djibouti, l'UNICEF a constaté que 10,8% de garçons et de filles âgés de 10 à 19 ans sont victimes de troubles mentaux.

Approches multiformes

Il est donc essentiel d’adopter des approches prenant en compte l’interaction complexe entre la santé mentale et la pauvreté. Les stratégies de réduction de la pauvreté, en particulier, réduisent les facteurs de stress qui contribuent à de mauvais résultats en matière de santé mentale. De même, un meilleur accès à l’éducation fournit les outils nécessaires pour sortir du cycle de la pauvreté et renforce la résilience face aux problèmes de santé mentale. En outre, l’ouverture de possibilités d’emploi, en particulier aux plus défavorisés, améliore les perspectives économiques, renforce l’estime de soi et accroît l’intégration sociale nécessaire à une meilleure santé mentale.

En outre, les filets de sécurité sociale, qui comprennent des programmes de transferts monétaires et des programmes d’assistance alimentaire, rendent le soutien essentiel aux ménages vulnérables moins lourd pour les ménages et garantissent la stabilité. Ces interventions de réduction de la pauvreté pourraient en fait prévenir les facteurs de risque conduisant à une mauvaise santé mentale. Dans le même temps, la sensibilité culturelle dans les services de santé mentale sera soutenue par des investissements dans les infrastructures de santé mentale. Cela comprendra la formation et le déploiement d’un plus grand nombre de professionnels de la santé mentale, tels que des psychologues, des psychiatres et des conseillers, afin de constituer une main-d’œuvre solide dans le domaine de la santé mentale.

La déstigmatisation de la maladie mentale contribuera également à développer des systèmes de soutien locaux, notamment des groupes de soutien par les pairs et des centres de santé communautaire, aidant ainsi les services de santé mentale à atteindre des zones isolées et non desservies. Le processus doit donc envisager de réduire la stigmatisation associée à la maladie mentale. Il s’agit essentiellement de garantir que les gens demandent de l’aide sans trop de stress ni de gêne. Des campagnes de sensibilisation ciblées visant à dissiper les idées fausses et à accroître les connaissances en matière de santé mentale peuvent réduire la stigmatisation et permettre aux gens de demander ouvertement de l’aide au sein de leur communauté. Il est également crucial que les partenariats entre le gouvernement, les secteurs à but non lucratif et les partenaires internationaux partagent leurs ressources et leur expertise et coordonnent leurs efforts.

Combattre la stigmatisation et favoriser la collaboration

Réduire la stigmatisation entourant la maladie mentale est la principale stratégie pour améliorer les comportements de recherche d’aide et l’intervention précoce. À cet égard, des campagnes de sensibilisation comme celle de l'UNICEF Campagne #OnMyMind peuvent remettre en question les idées fausses tout en améliorant les connaissances en matière de santé mentale. Cela peut contribuer à réduire la stigmatisation et à accroître le dialogue ouvert au niveau communautaire. De plus, il est essentiel de favoriser la collaboration des agences gouvernementales, des organisations à but non lucratif et des partenariats internationaux pour mettre en commun les ressources et l’expertise et harmoniser les efforts.

Compte tenu des atouts des institutions gouvernementales, des organisations de la société civile et des agences humanitaires, des solutions holistiques et durables peuvent être conçues. Cette collaboration pourrait donc garantir l'élaboration de politiques globales en matière de santé mentale, la mobilisation de ressources pour les programmes de santé mentale et la mise en place de mécanismes de suivi pour garantir la responsabilité.

Conclusion

La relation complexe entre santé mentale et pauvreté à Djibouti nécessite des réponses intégrées et coordonnées qui abordent les aspects sociaux, économiques et sanitaires du problème. Combiner les efforts visant à réduire les facteurs de stress socio-économiques avec des initiatives visant à accroître les services de santé mentale et à réduire la stigmatisation facilitera la voie vers des solutions holistiques et durables pour Djibouti. En fin de compte, en plaçant le bien-être humain en tête de l’agenda, Djibouti peut bâtir des communautés résilientes qui réussissent tant sur le plan économique que sur le plan de la santé mentale.

Honorine est basée à Highland, New York, États-Unis et se concentre sur les bonnes nouvelles et la santé mondiale pour le projet Borgen.

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