Comment l’extraction historique des ressources en Afrique alimente la pauvreté moderne

extraction de ressources historiquesL’histoire de l’exploitation coloniale a profondément façonné les structures économiques et sociales en Afrique subsaharienne, notamment à travers l’extraction de ressources à grande échelle. Les puissances européennes ont largement profité des richesses naturelles de l’Afrique tout en apportant un soutien limité aux économies et communautés locales. L’impact des pratiques de l’ère coloniale reste évident dans les défis économiques auxquels sont confrontés de nombreux pays africains aujourd’hui, comme la dépendance aux exportations de matières premières et aux sociétés étrangères. Cet article explore la manière dont l’héritage de l’exploitation coloniale influence la pauvreté moderne, en se concentrant sur le Nigeria et la République démocratique du Congo (RDC). Il examine également les efforts actuels visant à réduire la dépendance à l’égard des entités étrangères grâce à des initiatives de développement durable et de souveraineté des ressources.

Extraction de ressources historiques et dépendance économique

Durant la domination coloniale, les puissances européennes ont extrait des ressources précieuses des pays africains sans se soucier du développement économique à long terme. En RDC, la Belgique contrôlait de vastes ressources, notamment le caoutchouc, le cuivre et l’ivoire, sans investir dans les infrastructures essentielles comme les routes, les écoles ou les soins de santé. Le principal attrait de l'administration belge pour la RDC était ses ressources naturelles qui pouvaient être exploitées à des fins lucratives. Cette exploitation par la Belgique a ouvert la voie à des décennies de conflits et de violences, laissant derrière elle un pays instable incapable de croître économiquement. Cela est évident dans la mesure où la majorité des Congolais n’ont pas bénéficié des ressources naturelles. La RDC est l’un des pays les plus pauvres au monde, avec environ 73,5 % des Congolais vivant avec moins de 2,15 dollars par jour en 2024.

De la même manière, les dirigeants coloniaux britanniques du Nigeria se sont concentrés sur l'extraction de pétrole, positionnant ainsi le Nigeria comme l'un des principaux producteurs de pétrole d'Afrique. Cependant, avec environ 40 % des Nigérians vivant en dessous du seuil national de pauvreté, la répartition des richesses reste un problème important.

L'économie du Nigeria, fortement dépendante des exportations de pétrole, est confrontée aux conséquences des fluctuations des prix sur les marchés mondiaux, qui peuvent déstabiliser l'économie locale et aggraver la pauvreté. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a documenté l'instabilité économique qui accompagne la dépendance aux matières premières, notant que les pays qui ne disposent pas des infrastructures nécessaires pour transformer leurs ressources en produits de plus grande valeur sont confrontés à la pauvreté et à une diversification économique limitée.

Impacts à long terme

Les systèmes historiques d’extraction des ressources ont laissé les pays africains dépendants des exportations de matières premières, qui sont aujourd’hui souvent contrôlées par des sociétés étrangères. Au Nigeria, les compagnies pétrolières internationales détiennent une participation importante dans la production pétrolière. Leur influence limite la capacité du Nigeria à tirer pleinement parti de sa richesse pétrolière pour la croissance nationale, dans la mesure où les profits étrangers dépassent les contributions à l'économie et aux infrastructures locales.

En RDC, les sociétés étrangères dominent l’exploitation minière du cobalt, une ressource cruciale pour la production technologique mondiale. Les communautés locales reçoivent des bénéfices minimes de l’industrie du cobalt, souvent confrontées à de mauvaises conditions de travail, à des dommages environnementaux et à des opportunités économiques limitées. Les mineurs artisanaux, qui produisent plus de 20 % du cobalt de la RDC, gagnent souvent moins de 2 dollars par jour malgré des conditions épuisantes et dangereuses.

En outre, le travail des enfants reste une préoccupation majeure, avec environ 40 000 enfants travaillant dans les mines de cobalt à travers le pays, rapporte le Wilson Center. Selon le PNUD, les économies fortement dépendantes des exportations de matières premières et dépourvues d’industries diversifiées sont aux prises avec une pénurie d’emplois et une vulnérabilité aux fluctuations du marché, ce qui entrave les efforts de réduction de la pauvreté. La présence d’entreprises étrangères dans des secteurs critiques laisse ces pays à la merci de la dynamique du marché mondial, qui donne souvent la priorité au profit plutôt qu’au développement local.

Développement durable et autonomisation économique

Plusieurs pays africains ont lancé des initiatives visant à réduire leur dépendance aux exportations de matières premières et aux sociétés étrangères en réponse à l’héritage colonial. Le Nigeria, par exemple, a commencé à développer des raffineries de pétrole pour traiter le pétrole brut localement, dans l’espoir de réduire ses besoins d’importations et d’augmenter les opportunités d’emploi. En ajoutant de la valeur au Nigeria, ces efforts visent à renforcer la résilience économique et à conserver une plus grande part de la richesse générée par les ressources dans le pays.

L'Alliance public-privé pour un commerce responsable des minéraux (PPA), soutenue par le gouvernement américain, se concentre sur la création d'un commerce de minéraux durable et responsable en République démocratique du Congo (RDC) en promouvant la propriété locale et l'approvisionnement éthique en minéraux. En créant des chaînes d'approvisionnement sans conflit pour des ressources comme l'or et le cobalt, le PPA aide les communautés à mieux contrôler leurs ressources.

Il met également l'accent sur l'autonomisation des femmes dans les communautés minières et l'amélioration des conditions de travail. Ces efforts visent à créer des opportunités économiques durables, à réduire l'exploitation par les sociétés étrangères et à renforcer la résilience dans les régions minières de la RDC. Des chaînes d’approvisionnement transparentes et des projets axés sur la communauté constituent des étapes essentielles vers l’autosuffisance et la réduction de la pauvreté à long terme.

Faire face aux impacts coloniaux pour réduire la pauvreté

L’extraction historique des ressources continue d’affecter les économies africaines, laissant nombre d’entre elles dépendantes des exportations de matières premières et vulnérables aux évolutions du marché mondial. Les puissances européennes ont accaparé d’importantes richesses des pays africains sans favoriser des industries locales durables, créant ainsi des structures économiques qui perdurent aujourd’hui. Les initiatives de développement durable et de souveraineté des ressources aident les pays africains à reprendre le contrôle de leurs ressources et à investir dans la croissance économique locale. Il reste crucial de remédier à ces injustices historiques pour construire des économies qui responsabilisent les communautés africaines et réduisent la pauvreté en garantissant que la richesse africaine profite au continent lui-même.

Harriet est basée à Londres, au Royaume-Uni et se concentre sur la politique pour le projet Borgen.

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