L’impact des syndicats du crime organisé sur la pauvreté en Roumanie

Syndicats du crime organisé
Après avoir été libérée d’une dictature pendant des décennies, la Roumanie souffre toujours d’une instabilité politique. Bien que plus de 30 ans se soient écoulés depuis la fin du règne de Nicolae Ceausescu, la nation a toujours du mal à trouver sa place, la combinaison d’une corruption généralisée et de puissants syndicats du crime organisé conduisant à une pauvreté endémique.

Effets de la corruption sur le peuple roumain

Depuis son entrée en fonction en décembre 2014, le président Klaus Iohannis a eu 13 Premiers ministres différents et la corruption s’est infiltrée dans tous les aspects de la société roumaine.

Cette volatilité a rendu difficile pour la nation de se remettre des politiques économiques dommageables de Ceausescu. Cette instabilité a contribué à ce qu’environ 22 % de la population roumaine vive sous le seuil national de pauvreté en 2020, selon les données de la Banque mondiale.

Comment les syndicats criminels s’attaquent aux communautés les plus pauvres

Dans une interview avec The Borgen Project, Richard Calver, coordinateur de la grande criminalité organisée pour l’Europe centrale et méridionale, a expliqué comment les syndicats du crime organisé capitalisent sur la pauvreté ; « Lorsque l’instabilité politique et la grande corruption entraînent la défaillance des services de l’État, les groupes criminels organisés créent des économies illicites. » Ces économies cibleront sans aucun doute les plus pauvres de la société et exacerberont les problèmes auxquels ils sont confrontés en les poussant vers la criminalité et les éloignant de toute possibilité de soutien.

Calver a développé ce point en décrivant comment, « au fil du temps, ces dynamiques criminelles établies peuvent devenir culturellement enracinées dans les communautés les plus pauvres, les isolant davantage de la protection de l’État et perpétuant une acceptation de l’exploitation ». La vénalité de ces communautés constitue également un terrain de recrutement privilégié pour les syndicats responsables de la corruption en premier lieu.

Patrick Winn explique dans son livre « Hello, Shadowlands » comment la corruption généralisée force inévitablement les politiciens à se tourner vers le crime et pousse les individus dans un état où ils doivent choisir s’ils veulent devenir des prédateurs ou des proies. Si le gouvernement et les forces de l’ordre sont de mèche avec les persécuteurs criminels, trouver un pied dans la pègre peut souvent sembler être le seul moyen de survivre.

Malheureusement, la criminalité ne prévaut pas seulement parmi les habitants de ces communautés les plus pauvres : la corruption se propage à tous les niveaux de la société roumaine. Les syndicats du crime s’efforcent de préserver ce statu quo, car ces zones pauvres constituent pour eux une source d’argent lucrative. La conséquence en est une corruption généralisée, des pots-de-vin, de la violence et le fait que les personnes au pouvoir négligent le sort du peuple roumain.

Selon l’indice de perception de la corruption publié par Transparency International en 2021, la Roumanie a obtenu un score de 45 sur 100, ce qui en fait le deuxième pays le plus corrompu de l’Union européenne. Ces facteurs créent un cercle vicieux dans lequel l’instabilité, la pauvreté et le crime organisé se nourrissent mutuellement et rendent extrêmement difficile la résolution des problèmes économiques du pays.

La recherche d’une solution

Calver parle du rôle vital que joue la compréhension dans la résolution de ces situations, déclarant : « Lorsqu’on envisage des initiatives visant à lutter contre la pauvreté, il faut veiller à comprendre les intérêts directs des acteurs criminels qui profitent de la souffrance des autres. » Une grande partie du travail de Calver consiste à développer cette compréhension. Son séjour en Roumanie et le travail acharné de son équipe promettent d’aider les gouvernements occidentaux et les organisations humanitaires à résoudre de manière plus efficace les problèmes auxquels le peuple roumain est confronté.

L’une des organisations humanitaires qui s’efforce d’améliorer la qualité de vie des personnes pauvres en Roumanie est Habitat pour l’humanité. Habit for Humanity a commencé à travailler en Roumanie en 1996 pour lutter contre la pauvreté en matière de logement, en particulier dans les zones rurales où les gens « vivent dans des appartements exigus et délabrés dans des complexes en copropriété », selon son site Internet. Son travail consiste à construire et à rénover des logements pour les familles à faible revenu dans tout le pays. Les travaux de réhabilitation des bâtiments d’Habit for Humanity ciblent les ménages à faible revenu vivant dans des immeubles délabrés de l’ère communiste. Rien qu’en 2018, l’organisation a servi 280 personnes en Roumanie grâce à des initiatives de logement.

Calver et son équipe, ainsi que la communauté internationale et des organisations humanitaires comme Habitat pour l’humanité, visent à améliorer la qualité de vie des Roumains dans un contexte de corruption et de présence de syndicats du crime organisé. Malgré les difficultés auxquelles la population du pays est confrontée, si l’on comprend la complexité des problèmes en jeu, il semble y avoir un espoir de changement.

–Henry Tuppen
Photo : Flickr

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