Bien qu’elle soit une source de créativité et d’expression personnelle, l’industrie de la mode est depuis longtemps critiquée pour ses pratiques problématiques. C’est particulièrement le cas dans le secteur de la fast fashion. Selon l’Agence des Nations Unies pour la protection de l’environnement (PNUE), l’industrie utilise 93 milliards de mètres cubes d’eau par an, soit suffisamment d’eau pour 5 millions de personnes. La production rapide et à bas coût de vêtements perpétue une multitude de problèmes environnementaux et sociaux, notamment de graves violations des droits de l’homme. Les travailleurs des pays en développement sont souvent confrontés à des conditions de travail dangereuses, à des horaires excessifs et à des salaires inéquitables, ce qui les enferme dans des cycles de pauvreté.
Les communautés pauvres souffrent de manière disproportionnée des dommages environnementaux causés par des pratiques de fabrication non durables. Elles sont les moins bien outillées pour gérer les conséquences de la pollution, de la pénurie d’eau et du changement climatique. Malgré ces défis, l’industrie de la mode s’efforce de plus en plus d’atténuer son impact et de promouvoir une mode éthique pour lutter contre la pauvreté. Des initiatives telles que l’Alliance des Nations Unies pour une mode durable et l’entreprise sociale Moeloco mènent des programmes de développement durable dans le monde entier.
Moeloco
Moeloco, fondée par Kathy Wong, est une marque de chaussures éthiques. Elle produit des tongs avec des messages inspirants gravés sur la semelle, tels que « Love » et « Be Happy ». Si ces messages contribuent à diffuser une ambiance positive, l’impact de chaque achat est encore plus important. Pour chaque paire de tongs vendue, l’organisation fait don d’une paire de chaussures fermées en toile fabriquées localement à des enfants défavorisés en Inde. Dans de nombreuses régions de l’Inde, de nombreux enfants ne portent pas de chaussures, ce qui les expose à un risque important de contracter des maladies du sol, ce qui peut entraîner une amputation ou la mort et les empêcher d’aller à l’école en raison des réglementations sanitaires en vigueur dans les écoles. Sans éducation, ces enfants sont plus susceptibles de rester prisonniers du cycle de la pauvreté.
Ethnotek
Ethnotek est une autre marque qui lutte contre la pauvreté dans l’industrie de la mode. Fondée par Jake Orak, Ethnotek collabore avec des communautés d’artisans du Guatemala, du Ghana, du Vietnam, d’Indonésie et d’Inde pour produire de magnifiques sacs qui préservent le patrimoine culturel. Ces artisans utilisent des techniques traditionnelles pour créer des textiles colorés et artisanaux qui sont incorporés dans leurs produits. Ethnotek est unique en ce sens qu’elle se consacre au développement durable et au commerce équitable. Plutôt que de fournir une aide directe, l’entreprise garantit que les artisans reçoivent des salaires équitables et travaillent dans des conditions sûres en nouant des partenariats directs avec eux.
Comme beaucoup de ces artisans résident dans des zones rurales où les opportunités d'emploi sont rares, la vente de leurs produits artisanaux sur les marchés internationaux leur permet de devenir financièrement indépendants. Depuis la création d'Ethnotek en 2007, l'entreprise s'est associée à plus de 500 artisans dans cinq pays pour générer plus de 10 millions de dollars de revenus en 2024. Cette autonomisation économique s'aligne sur les principes fondamentaux de la mode éthique dans la lutte contre la pauvreté, car elle aide les communautés défavorisées à bénéficier de salaires équitables et d'opportunités d'emploi.
Fonds d'impact sur la mode
Le Fashion Impact Fund, un programme innovant, tire parti de l'influence considérable de l'industrie de la mode pour favoriser le changement social. Cette organisation à but non lucratif offre des subventions, des formations et des opportunités d'emploi à des projets menés par des femmes mettant l'accent sur la durabilité environnementale, la réduction de la pauvreté et l'éducation. Il aide les créatrices, artistes et entrepreneures à cultiver une industrie de la mode plus diversifiée et plus socialement responsable. L'objectif principal du fonds est de doter les femmes issues de milieux défavorisés des ressources et des opportunités dont elles ont besoin pour réussir dans le secteur de la mode.
Grâce au mentorat, au développement des compétences et au soutien financier, cette association à but non lucratif aide les femmes à établir des carrières durables, les sortant ainsi que leurs familles de la pauvreté. L'organisation finance également des initiatives visant à lutter contre le changement climatique et la dégradation de l'environnement, des problèmes qui affectent de manière disproportionnée les zones défavorisées. Le travail du Fashion Impact Fund contribue au mouvement plus large de la mode éthique qui lutte contre la pauvreté, en mettant l'accent sur la lutte contre la discrimination et la réduction de l'écart de richesse entre les sexes grâce à l'inclusion économique.
Regard vers l'avenir
Ces initiatives démontrent le potentiel de l'industrie de la mode à provoquer un changement social significatif. En promouvant des salaires équitables, l'éducation et l'autonomisation économique, ces organisations prouvent que la mode peut potentiellement servir d'outil puissant pour réduire la pauvreté à long terme. Les consommateurs étant de plus en plus conscients de l'influence de leurs achats, le potentiel de la mode éthique dans la lutte contre la pauvreté pourrait s'accroître.
Viola est basée à Londres, au Royaume-Uni, et se concentre sur les bonnes nouvelles pour le projet Borgen.
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