Comprendre les facteurs sous-jacents de la pauvreté autochtone au Canada

Pauvreté autochtone au CanadaLa pauvreté des Autochtones au Canada est un problème générationnel qui a abaissé le niveau de vie et créé de grandes lacunes en matière de sécurité financière et d’alphabétisation. Les populations autochtones connaissent toujours des taux de pauvreté disproportionnellement élevés, malgré de multiples initiatives et législations conçues pour réduire ces écarts. Dans la Constitution canadienne, trois groupes distincts de peuples autochtones sont officiellement reconnus : les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Les Canadiens les plus pauvres sont ceux d’ascendance autochtone. Au Canada, un Autochtone sur quatre et quatre enfants autochtones sur 10 vivent dans la pauvreté.

Traumatisme intergénérationnel au sein des communautés autochtones

Les communautés autochtones du Canada sont depuis longtemps victimes de politiques coloniales qui suppriment leur identité culturelle et assimilent les enfants autochtones à la culture euro-occidentale par le biais du système des pensionnats. L’accumulation de profondes détresses et traumatismes intergénérationnels a persisté et s’est aggravée au fil du temps, se transmettant d’une génération à l’autre au sein des groupes de parenté et s’enracinant dans les familles autochtones du Canada. Le traumatisme intergénérationnel auquel est confrontée la population autochtone au Canada a entraîné la manifestation de divers symptômes, notamment l’anxiété, la dépression et la toxicomanie. Relever ces défis s’est avéré être une tâche difficile pour les professionnels de la santé mentale au Canada. Au niveau communautaire, il est nécessaire de reconnaître l’impact de la colonisation, d’allouer des ressources aux initiatives communautaires dans les réserves autochtones et de continuer à promouvoir la réconciliation avec les communautés autochtones.

L’éloignement des communautés autochtones

La responsabilité des réserves autochtones incombe au gouvernement fédéral du Canada. Les réserves autochtones se trouvent principalement dans les provinces et territoires isolés du nord du Canada. En raison de leur éloignement, ces communautés ont des difficultés à acquérir les ressources de base, notamment la nourriture, le logement et l’éducation, qui sont plus chères que dans les communautés du sud. Dans certaines communautés, les possibilités d’emploi sont rares.

Services aux Autochtones Canada (SAC) travaille à améliorer les services aux Premières Nations, aux Inuits et aux Métis. La mission de l’ISC est de faciliter l’autosuffisance des communautés autochtones dans la prestation de services essentiels et la prise en compte des circonstances socio-économiques au sein de leurs communautés respectives. À l’heure actuelle, le gouvernement fédéral s’efforce de formuler des mesures visant à favoriser l’approvisionnement en eau potable dans les réserves. Il a également établi des lignes d’assistance téléphonique pour les services de santé mentale et mis en œuvre des prestations de santé non assurées.

Discrimination systémique et racisme institutionnel

Le racisme et les préjugés institutionnels augmentent la pauvreté des Autochtones au Canada. La justice, les soins de santé et la discrimination dans l’emploi restreignent les ressources et les opportunités. Le rapport annuel 2017 à 2018 du Bureau de l’enquêteur correctionnel a révélé une augmentation inquiétante de l’incarcération des Autochtones. La proportion de détenus autochtones sous responsabilité fédérale est passée de 20 % en 2008 à 2009 à 28 % en 2017 à 2018. Malgré des taux de victimisation plus élevés, les Autochtones ne sont pas intrinsèquement plus susceptibles de commettre des crimes que leurs homologues non autochtones. L’ESG de 2019 a indiqué que les Autochtones faisaient face à une discrimination 33 % plus élevée que les non-Autochtones et les personnes n’appartenant pas à une minorité visible.

L’initiative gouvernementale Budget 2021 a alloué 126,7 millions de dollars sur 3 ans pour lutter contre le racisme anti-autochtone dans les systèmes de santé du Canada. Parmi les initiatives figure le Bureau de l’ombudsman de la santé des Premières Nations de la Fédération des nations autochtones souveraines. Les défenseurs de cet organisme travaillent avec les patients et les familles pour répondre aux préoccupations systémiques des établissements de santé fédéraux et provinciaux. Ils aident également à identifier des solutions pour résoudre les conflits et les préoccupations, ce qui conduit finalement à des améliorations dans l’ensemble du système.

Obstacles éducatifs

Les peuples autochtones souffrent d’obstacles éducatifs tout au long de leur vie. Le colonialisme, la marginalisation, la mauvaise éducation dans les réserves et les finances limitées créent ces obstacles. Les peuples autochtones ont des difficultés en matière d’éducation en raison du peu de financement de l’éducation, en particulier dans les zones rurales avec peu d’écoles et de programmes. Près de la moitié des résidents des réserves autochtones de l’Ontario n’ont pas de diplôme d’études secondaires. Affaires autochtones et du Nord Canada offre actuellement des programmes d’emploi, d’expérience de travail et de développement des compétences pour les jeunes. Ces initiatives financent les étudiants postsecondaires des Premières nations et inuits. Ces programmes tentent de surmonter les inégalités en matière d’éducation et d’améliorer l’employabilité des étudiants autochtones, mais la faiblesse des systèmes éducatifs dans les communautés autochtones perpétue l’instabilité économique et la pauvreté.

Les conséquences à long terme des pensionnats indiens

Du XVIIe siècle à la fin des années 1990, le Canada a dirigé des pensionnats autochtones. Ces institutions dirigées par des chrétiens visaient à éradiquer la culture indigène et à intégrer les enfants dans la civilisation euro-occidentale. Les survivants et leurs descendants continuent de souffrir de traumatismes émotionnels et de perte de langue, de culture et de bien-être mental après la fermeture des pensionnats. Le gouvernement canadien a souvent présenté ses excuses aux peuples autochtones pour les abus commis dans les pensionnats et le pape Benoît a présenté ses excuses au chef national de l’Assemblée des Premières Nations en 2009 pour les souffrances des peuples autochtones dans les pensionnats. De plus, de nombreux Autochtones souffrent de toxicomanie pour faire face aux problèmes de santé mentale causés par le système des pensionnats. La Convention de règlement relative aux pensionnats indiens de 2006 a créé le Programme de soutien en santé pour la résolution des questions des pensionnats indiens afin d’aider les communautés autochtones à faire face aux traumatismes émotionnels. Les anciens élèves des pensionnats peuvent demander une aide culturelle et émotionnelle par le biais des lignes d’assistance téléphonique en cas de crise du programme favorisant un exutoire positif.

Regarder vers l’avant

La pauvreté autochtone au Canada persiste en raison de diverses circonstances, notamment les institutions résidentielles, les difficultés d’éducation, l’isolement dans les réserves autochtones, les conflits raciaux et les répercussions à long terme des traumatismes intergénérationnels. Néanmoins, il existe des indicateurs positifs (grâce aux efforts continus) d’amélioration dans ces communautés en termes de réconciliation, d’autonomisation et d’inclusion.

– Valentina Ornelas
Photo : Flickr

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